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Plus de 200.000 Salvadoriens perdent leur statut protégé aux Etats-Unis

Le Vif

L’administration Trump a annoncé lundi la fin en 2019 d’un dispositif empêchant l’expulsion de 200.000 Salvadoriens résidant aux Etats-Unis, nouveau signe du durcissement de la politique migratoire américaine.

L’annonce a été dénoncée par des organisations de défense des immigrés et des élus qui ont mis l’accent sur la pauvreté et la criminalité endémique qui règne dans le pays.

Le statut de protection temporaire (TPS), qui permet de travailler légalement sans titre de séjour, avait été instauré en mars 2001 pour le Salvador à la suite de l’arrivée massive de réfugiés après deux tremblements de terre dévastateurs.

« Les conditions initiales causées par les séismes de 2001 n’existent plus », a expliqué dans un communiqué le DHS, affirmant que la reconstruction des infrastructures avait été menée à bien.

Le sursis accordé –jusqu’au 9 septembre 2019– donne le temps aux personnes concernées de « préparer leur départ ou de demander un autre statut légal d’immigration », a précisé le DHS, soulignant qu’il doit aussi permettre au Congrès de « légiférer sur une solution permanente ».

‘Ma vie est ici’

Mais pour les bénéficiaires du TPS, l’annonce est un coup de massue.

« Ma vie est ici », a dit à l’AFP Minda Hernandez, mère de famille de 48 ans. « C’est ici que j’ai ma maison et que je paie mes impôts. Je suis bien ici, même si on se tue au travail ».

Cette femme de ménage à Long Island, près de New York, craint surtout pour l’avenir de son fils de 16 ans, né aux Etats-Unis: « Il est adolescent et il y a là-bas beaucoup de délinquance et de gangs. Mais si je ne l’emmène pas, comment puis-je le laisser seul dans ce pays? Il veut continuer ses études, aller à l’université ».

« Je ne comprends pas », réagit Christian Chavez, chauffeur de taxi à Houston (Texas). « Le président Trump dit qu’il est contre les immigrés illégaux. Mais nous ne sommes pas des illégaux, nous sommes ici légalement ».

La mesure va « bouleverser la vie de 200.000 personnes et de leurs 190.000 enfants nés aux Etats-Unis, forçant les familles à un +choix de Sophie+ inadmissible », a accusé Hector Figueroa, responsable d’un des principaux syndicats représentant les immigrés.

La sénatrice démocrate du Nevada Catherine Cortez Masto a fustigé le président Trump qui « utilise les immigrants comme des boucs émissaires », appelant le Congrès à « trouver une solution pérenne pour les bénéficiaires du TPS qui perdent leur statut ».

Selon le Centre d’étude des migrations, les Salvadoriens sont un modèle d’intégration avec un taux d’emploi de 88%. Ils résident en majorité en Californie, au Texas et autour de la capitale fédérale Washington.

Le gouvernement salvadorien s’est félicité d’avoir obtenu ce délai, considéré comme « une reconnaissance de l’apport de nos compatriotes (qui) représentent une main-d’oeuvre importante pour ce pays ». Il a rappelé les « solides liens d’amitié et de coopération » entre les deux pays qui sont des « alliés historiques ».

En décembre, le Salvador a été l’un des neuf pays à voter contre une résolution de l’ONU condamnant la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël.

Monnaie d’échange

La lutte contre l’immigration clandestine est l’un des chevaux de bataille de Donald Trump.

L’administration a abrogé en 2017 le TPS pour près de 60.000 Haïtiens, plus de 5.000 Nicaraguayens et un millier de Soudanais. Quelque 57.000 Honduriens connaîtront leur sort en juillet.

Dès son entrée en fonctions en janvier 2016, M. Trump a signé un décret interdisant le franchissement des frontières américaines aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane.

Ce décret a fait l’objet d’une intense bataille judiciaire. La troisième version du texte vise sept pays (Yémen, Syrie, Libye, Iran, Somalie, Corée du Nord et Tchad).

Après l’attentat de New York perpétré par un Ouzbek le 31 octobre, le milliardaire a annoncé la fin du Programme de loterie de visas de diversité, un tirage au sort qui offrait chaque année un permis de résidence (carte verte) à 50.000 étrangers. Il veut également supprimer le regroupement familial.

Et il a mis dans la balance le sort de 690.000 jeunes arrivés clandestinement avec leurs parents et qui ont obtenu de l’administration Obama un permis de travail et une garantie qu’ils ne seraient pas expulsés. M. Trump espère monnayer le maintien de ce programme, baptisé Daca, avec l’opposition démocrate en échange du financement de son projet de mur à la frontière du Mexique, une promesse de campagne.

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