Les jeunes de la génération K ne font pas confiances aux institutions et particulièrement les politiques © REUTERS

Place à la génération K, méfiante, rebelle et désenchantée

Stagiaire Le Vif

L’économiste et auteure Noreena Hertz a mené une étude pendant 18 mois auprès de 2000 adolescentes britanniques et américaines âgées de 14 à 21 ans qui font, selon elle, dorénavant partie de la génération K. Description d’une génération désabusée.

Après les générations X (personnes nées entre 1960 et 1980 qui succèdent aux baby-boomers et font face à un vide professionnel et une forme de précarité), Y (personnes nées dans les années 80 qui forment la génération « internet », hyper connectées et qui n’ont connu que la crise) et Z (personnes nées durant les années 2000, qui se distinguent par leur hyper présence sur les réseaux sociaux), une nouvelle génération est en train de voir le jour selon Noreena Hertz, auteure et économiste britannique. Manque de bol, il n’y a plus de lettre après le Z. Elle effectue donc un retour en arrière et dresse le portrait de ce qu’elle nomme la « Génération K ».

Dans une tribune publiée dans le quotidien britannique The Guardian, la britannique questionne les jeunes sur le fait d’être adolescent aujourd’hui, ce qu’ils pensent, et comment ils voient leurs perspectives d’avenir. Pour les définir, elle fait référence à l’héroïne de la trilogie Hunger Games, Katniss Everdeen, incarnée par Jennifer Lawrence. À l’instar de la jeune femme, elle qualifie les jeunes de la génération K comme rebelles et peu enclins à faire confiance aux politiques. Ils ont cependant le sens du devoir et du sacrifice.

Un pessimisme ambiant

Cette génération est profondément anxieuse, normal direz-vous quand on grandit dans le contexte post-11 septembre, la montée de l’extrémisme religieux, un taux de chômage sans précédent ou encore l’affaire Snowden. « La vie est dure pour nous. C’est une lutte. Je pense que c’est beaucoup plus difficile pour nous que pour la génération de nos parents. Mais on ne peut pas abandonner » explique Jake, 16 ans, à Noreena Hertz.

79 % des jeunes interrogées ont peur de ne pas trouver de travail tandis que 72% s’inquiètent de possibles dettes. Des préoccupations déjà présentes malgré le jeune âge de cette génération K. D’ailleurs cette jeunesse ne croit plus au principe de méritocratie. Un idéal lointain qui a été balayé par des critères physiques et sociaux. Selon eux, c’est leur couleur de peau, leur sexe ou encore le milieu social de leurs parents qui détermineront leur avenir socio-professionnel.

En outre, 75% des filles affirment être inquiètes face au terrorisme (dû aux tensions géopolitiques et le terrorisme islamiste comme Al Quaida et Daesh), et 66% sont pessimistes vis-à-vis du changement climatique.

Une défiance face aux institutions

Seulement 6% ont confiance dans les grosses corporations et entreprises à contrario des adultes (60%). Peur eux ces grands groupes sont synonymes d’égoïsme, d’arrogance, de triche et sont indignes de confiance. Les politiciens ne sont pas non plus épargnés puisque seul 10% considèrent qu’ils font les bons choix. Les gouvernements ne font pas attention aux personnes lambda et la génération K pensent que les « règles du jeu sont truquées ».

Un seul politicien reçoit la faveur de cette jeune population : Bernie Sanders, aussi bien du côté des jeunes Américaines que de celui des Britanniques. Son authenticité, son dévouement pour la justice sociale et un plus gros contrôle des grosses entreprises ont fait de lui le politique le plus populaire chez ces jeunes.

Créative et généreuse

Souvent décriée comme isolée et repliée sur elle-même, la « génération selfie » n’est pas pour autant égoïste et solitaire. Ainsi, 92% estiment qu’aider les personnes dans le besoin est important et 70% que les inégalités dans le monde sont certains des problèmes actuels les plus préoccupants. De même, bien qu’en permanence connectés, 80% des sondées affirment préférer passer un moment entre amis plutôt que devant son ordinateur ou autre smartphone. Enfin, cette génération se veut auto-suffisante. Elle veut créer et produire pour améliorer le futur. Pour Norenaa Hertz, c’est une génération de créateurs, innovateurs et fabricants.

Au final l’échantillon de jeunes peut-être définie comme « unique et fière de l’être » comme l’analyse l’auteure. Une génération K unique par apport à ses grandes soeurs, X, Y et Z, en attendant d’être dans quelques années suivie par une nouvelle génération. Définie par quelle lettre ? Il est encore trop tôt pour le dire mais le choix reste large, il y en a encore 22.

Par F. Ca.

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