Jeroen Oerlemans © DR

Photographe tué en Libye : « Il savait que cela pouvait lui arriver »

Le Vif

Dimanche dernier, le photographe indépendant néerlandais Jeroen Oerlemans (1970-2016) a été abattu en Libye. Joanie de Rijke, la correspondante qui était avec lui au moment des faits, livre son récit à Knack.

Dimanche matin, Joanie de Rijke et Jeroen Oerlemans quittent Misrata (situé à 200 kilomètres à l’est de Tripoli) très tôt pour couvrir les combats entre les rebelles libyens et l’État islamique à Syrte. Ils accompagnent Marwan Adaissi, un collaborateur de la Croix-Rouge libyenne et son jeune frère Mohsen.

Une grande partie de Syrte est libérée de l’EI, mais les djihadistes résistent dans le nord-est de la ville. « Au front, c’était le chaos. Un grand groupe de rebelles se tenait sur une place derrière un bâtiment élevé criblé de trous de missiles et de mortiers. Un haut-parleur égrenait la formule ‘Allahu akbar’ pour soutenir et encourager les hommes. C’était un mélange coloré de personnes lourdement armées », écrit Joanie de Rijke.

L’EI se trouve à l’avant du bâtiment à quelques centaines de mètres de la place. Quelques tireurs d’élite sont postés dans les appartements et tirent sur tout ce qui bouge. Les rebelles font tout pour les éliminer, à coup de grenades et de missiles, mais les snipers semblent invincibles.

Le photographe et la correspondante observent les rebelles depuis la place. Quelque temps plus tard, l’un d’entre eux, surnommé l’Éléphant, leur demande s’ils veulent rejoindre le groupe de salafiste qui combat l’État islamique. « Je ne pouvais pas accompagner, car les femmes ne sont pas les bienvenues chez les salafistes. Je suis restée sur la place pendant que Jeroen courait dans la rue avec un groupe de rebelles, pliés en deux pour éviter les tireurs d’élite », raconte la correspondante.

Dix minutes plus tard, Mohsen, le plus jeune frère de Marwan, en proie à une panique totale, vient chercher Joanie. Arrivée à l’hôpital de fortune, elle apprend que le photographe a été tué. « Il a été le premier du groupe à retourner dans la rue. Et il a été le seul touché. Il portait une veste pare-éclats et un casque, mais la balle est entré dans son flanc, à l’endroit où l’on est le moins protégé. La balle a traversé sa poitrine et il est mort sur le coup ».

Selon la journaliste, Jeroen savait très bien que cela pouvait arriver. « C’était un photographe expérimenté qui ne prenait pas de risques inutiles. Mais il voulait toujours se trouver au premier rang. Il faisait simplement son boulot, et il le faisait excellemment », conclut-elle. (CB)

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