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Peur des clowns: « une phobie sociale somme toute classique »

Le Vif

La psychose créée par une série de clowns sinistres aperçus à travers les Etats-Unis et ailleurs, forçant McDonald’s à limiter les apparitions de sa mascotte, est « une phobie sociale somme toute classique », selon des experts des phénomènes de paniques collectives.

Comment tout a commencé ?

« Le même phénomène a eu lieu en France en 2014 et c’était déjà alimenté par les réseaux sociaux, de fausses apparitions et des vidéos canulars », affirme Robert Bartholomew, un spécialiste des canulars et des phénomènes de paniques collectives, interrogé par l’AFP.

« La peur du clown est une phobie sociale somme toute classique avec une peur exagérée d’un élément maléfique menaçant la population. Les phénomènes de panique collective traduisent les peurs et les incertitudes actuelles, en particulier celles liées à l’étranger, ravivées par les inquiétudes autour des terroristes et des réfugiés. Mais ce phénomène remonte bien avant l’ère des réseaux sociaux: en 1750, une vague de panique autour d’enlèvements d’enfants a déferlé sur Paris. Des rumeurs circulaient selon lesquelles Louis XV, lépreux, faisait enlever des enfants pour se baigner dans leur sang. Des émeutes ont eu lieu car la foule se mettait à poursuivre les suspects dans les rues ».

Pourquoi les clowns ?

Depuis une trentaine d’années, « le clown maléfique » fait partie de la culture populaire, souligne l’anthropologiste Véronique Campion-Vincent, experte ès rumeurs et légendes urbaines. Le clown du roman de Stephen King (Ca) et ceux des films « Poltergeist » ont contribué à renforcer cette image, alors que dans les années 60 Bozo le clown, star de la télévision, confortait plutôt l’image du clown gentil.

« Les clowns peuvent faire peur car on ne peut pas lire sur leur visage », explique M. Bartholomew, pour qui la phobie du « clown tueur » remonte au XVIIIe siècle et est réapparue pendant la Dépression aux Etats-Unis.

Aujourd’hui, la coulrophobie –la phobie des clowns– peut toucher jusqu’à une personne sur 10, estime Matthew Lorber, à la tête d’un service de psychiatrie à l’hôpital Lenox Hill de New York.

Combien de temps cela va-t-il durer ?

« Il ne fait pas bon être un clown en ce moment. Des carrières sont en jeu. Si j’étais clown actuellement aux Etats-Unis, je ferais profil bas. Je ne serais pas surpris si la police tirait sur un clown, compte tenu du niveau d’angoisse sur place », estime M. Bartholomew, pour qui le phénomène devrait s’éteindre après Halloween, comme ce fut le cas en France et en Belgique en 2014. Face à l’ampleur du phénomène, une campagne sur Twitter #ClownsLivesMatter (« la vie des clowns compte ») a été lancée. Mc Donald’s a même annoncé sur CNN que son emblématique clown, Ronald McDonald, allait limiter ses apparitions publiques « pour le moment ».

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