Liu Xiaobo © Reuters

Pékin dénonce le « blasphème » du Nobel accordé à Liu Xiaobo

Le Vif

Pékin a dénoncé vendredi l’attribution en 2010 du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo, au lendemain du décès du dissident chinois au terme de plus de huit années de détention.

« Attribuer le prix à une telle personne contredisait l’objectif même de cette récompense. Le prix Nobel de la paix a été blasphémé », a accusé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, lors d’un point de presse.

Le décès jeudi du dissident a été critiqué par plusieurs pays qui avaient appelé Pékin à remettre Liu Xiaobo en liberté afin qu’il soit soigné à l’étranger.

Rejetant ces critiques, M. Geng a indiqué que Pékin avait protesté auprès de « certains pays », dont les Etats-Unis, à l’origine de « propos irresponsables » sur la mort du dissident, ainsi qu’auprès du Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU.

Alors que les Etats-Unis et l’Union européenne appellent désormais le gouvernement chinois à libérer la veuve du dissident, la poétesse Liu Xia assignée à résidence depuis 2010, M. Geng a dit qu’il ne se prononçait pas sur son éventuel départ pour l’étranger.

Le Nobel de la paix à Liu Xiaobo était justifié

L’ex-président du comité Nobel norvégien, Thorbjørn Jagland, a justifié vendredi l’attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo.

« La lutte pour les droits humains contribue à la paix », a indiqué M. Jagland, toujours membre du comité Nobel aujourd’hui, sur Twitter. « C’est pour cela que le comité que je présidais avait remis le prix de la paix à Liu Xiaobo », a-t-il expliqué.

Mort jeudi à 61 ans d’un cancer du foie, le dissident chinois, ancienne figure de proue du mouvement démocratique de la place Tiananmen en 1989, avait été récompensé pour « son long combat non-violent pour les droits humains fondamentaux en Chine ».

Emprisonné dans son pays pour subversion, il n’avait pu aller chercher le prix, et son fauteuil était resté vide lors de la cérémonie à Oslo.

Il est le premier prix Nobel de la paix à mourir privé de liberté depuis le pacifiste allemand Carl von Ossietzky, décédé en 1938 dans un hôpital alors qu’il était détenu par les nazis.

Interrogé par l’AFP, le comité Nobel s’est refusé à tout commentaire. On ignore si le tweet de M. Jagland était en réaction aux déclarations chinoises.

Jeudi, à l’annonce de la mort du célèbre dissident, le comité Nobel avait jugé que la Chine portait « une lourde responsabilité » dans cette mort « prématurée », déplorant que Liu Xiaobo n’ait pu bénéficier d’un traitement médical à l’étranger comme il le souhaitait, alors que les États-Unis et l’Allemagne avaient fait des offres en ce sens.

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