Le cardinal australien George Pell, argentier du Vatican. © AFP/Filippo Monteforte

Pédophilie et Vatican: un cardinal interrogé affirme avoir le soutien du pape François

Le cardinal australien George Pell, puissant « ministre » de l’Economie du Vatican, a assuré mardi qu’il bénéficiait du « soutien total » du pape François tout en avouant devant une commission d’enquête que les accusations de pédophilie portées contre un prêtre n’avaient pas pour lui « grand intérêt ».

L’ancien chef de l’Eglise catholique en Australie, devenu argentier du Vatican en 2014, témoignait devant une commission d’enquête sur les crimes pédophiles en Australie.

En raison de ses problèmes cardiaques, l’ancien archevêque de Melbourne, puis de Sydney, âgé de 74 ans, dépose par visioconférence depuis un hôtel de Rome.

La commission d’enquête s’intéresse actuellement à la façon dont l’Eglise australienne a répondu à des accusations de pédophilie visant le clergé catholique, en particulier dans les années 1970, dans la ville de Ballarat (Etat de Victoria), où Mgr Pell a grandi.

Lundi, il avait reconnu que l’Eglise avait « failli » dans sa gestion des prêtres pédophiles.

« J’ai le soutien total du pape », a-t-il déclaré à la presse avant la deuxième journée d’audition.

La commission a abordé le cas de Gerald Ridsdale, prêtre pédophile australien multirécidiviste, condamné pour avoir agressé une cinquantaine de jeunes garçons entre 1960 et 1980.

Le cardinal Pell, qui vécut un temps dans la même maison que Ridsdale, a toujours nié avoir eu connaissance des tendances de l’ancien prêtre, l’avoir muté de paroisse en paroisse quand il était cardinal, ou avoir tenté d’acheter le silence de victimes du pédophile.

Les tendances pédophiles de l’ancien prêtre étaient-elles de notoriété publique au sein de l’Eglise, a demandé la commission.

Le cardinal Pell a expliqué qu’il n’en avait jamais eu connaissance.

« Je ne peux pas dire avoir jamais su que tout le monde savait », a-t-il déclaré. « Je ne savais pas si c’était de notoriété publique ou non. C’est une histoire triste qui n’avait pas grand intérêt pour moi ».

Des exclamations incrédules ont accueilli ces propos dans la salle d’audience de Sydney et la commission a demandé au cardinal Pell de s’expliquer.

« La souffrance, bien sûr, était réelle et je le regrette beaucoup mais je n’avais aucune raison de me pencher sur l’étendue du mal perpétré par Ridsdale », a-t-il dit.

L’ancien évêque de Ballarat, Ronald Mulkearns, a reconnu qu’il était au courant d’accusations portées contre Ridsdale et l’avoir déplacé de paroisse en paroisse mais le cardinal Pell a toujours dit n’en avoir rien su, en dépit de son rôle de conseiller auprès de l’évêque à partir de 1977.

La commission d’enquête royale australienne sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels perpétrés sur les enfants a commencé ses travaux en avril 2013, après plus d’une décennie de pressions en faveur d’investigations sur des accusations de pédophilie dans les écoles, établissements religieux ou organismes sociaux.

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