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Pays-Bas : un vote symbolique pour l’Europe

Le Vif

Les électeurs néerlandais ont dit massivement non mercredi à l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne lors d’un référendum convoqué par des groupes eurosceptiques devenu un vote symbolique sur l’UE, mais des doutes subsistaient quant à la validation du scrutin, selon des sondages à la sortie des bureaux de vote.

Le « non » a recueilli 64% et le taux de participation – le vote n’est valide qu’au-delà des 30% – s’est établi à 29%, avec une marge d’erreur de 3%, a annoncé la télévision publique NOS sur la base de ces sondages effectués par l’institut Ipsos.

Celui-ci a ensuite actualisé ses résultats, toujours avec la même marge d’erreur, affirmant que le taux de participation s’est établi à 32%.

Le référendum – dont les organisateurs admettent qu’il ne concerne pas l’Ukraine mais répond à une animosité plus large envers l’UE – était suivi de près par les Européens, Kiev et Moscou. Les résultats seront également examinés à la loupe en Grande-Bretagne, quelques mois avant le vote de juin sur une sortie de l’Union européenne, surnommée « Brexit ».

Le Premier ministre libéral Mark Rutte, qui a voté dans une école primaire de La Haye, avait appelé dans la journée ses concitoyens à approuver l’accord, qui vise à renforcer le dialogue politique ainsi que les échanges économiques et commerciaux entre l’UE et l’Ukraine.

« Nous devons aider l’Ukraine à bâtir un Etat de droit, à construire sa démocratie, à soutenir ses minorités, notamment les juifs, et la communauté homosexuelle », a-t-il lancé. « L’Europe a besoin de stabilité à ses frontières extérieures ».

Les Pays-Bas sont le dernier pays de l’UE à ne pas avoir ratifié l’accord, qui a cependant reçu le feu vert du Parlement. Le vote de mercredi n’est pas contraignant mais un non « pourrait ouvrir la voie à une crise européenne », avait prévenu le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Alex, chauffeur de taxi, a voté pour : « les Ukrainiens se sont battus pour cet accord, on ne va pas les prendre en otage dans une bataille contre Bruxelles alors qu’on peut les aider ».

La corruption et la guerre dans l’est de l’Ukraine, arguments des partisans du non, sont des problèmes, reconnaît-il, mais « cela prend du temps pour régler tout cela ».

Nik Tam, 65 ans, a de son côté voté contre l’accord d’association. « L’Ukraine ne peut pas entrer dans l’Union européenne, ça fait trop de monde », a-t-il déclaré.

« Printemps néerlandais »

Les Européens et Moscou suivent attentivement ce scrutin, tout comme l’Ukraine où la volte-face en 2013 de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, qui avait renoncé au dernier moment, sous la pression de Moscou, à signer cet accord, avait provoqué le soulèvement proeuropéen du Maïdan.

Pour Kiev, qui a envoyé des ministres faire campagne aux Pays-Bas, cet accord représente une « nouvelle ère » pour l’Ukraine, tandis que Moscou le considère comme un empiètement des Européens dans sa sphère d’influence.

Des associations eurosceptiques avaient collecté plus de 300.000 signatures pour appeler à ce vote, sur la base d’une nouvelle loi autorisant les Néerlandais à s’exprimer sur des décisions législatives.

Cet accord n’est qu’un exemple de plus, assure un de ces groupes, d’une UE bureaucratique et technocratique ayant perdu le contact avec ses citoyens.

Si le scrutin est validé par un nombre suffisant de suffrages et si le non l’emporte largement, le gouvernement sera dans l’embarras, affirment les analystes, les Pays-Bas assurant la présidence tournante de l’UE jusque fin juin.

Et à un moment où les partis eurosceptiques sont en tête des sondages pour les législatives de 2017, l’accord devra de nouveau être soumis au vote des deux chambres du Parlement.

« Les Pays-Bas devront peut-être trouver une manière de se désengager partiellement de l’accord », a déclaré à l’AFP Aaron Matta, chercheur à l’institut de La Haye sur la justice : « ils devront sauver la face ».

En votant dans un quartier populaire de La Haye, le député néerlandais d’extrême droite Geert Wilders a qualifié le référendum de « printemps patriotique néerlandais ».

« Aujourd’hui, ce n’est pas Bruxelles qui décide. Ce n’est pas La Haye. C’est le peuple néerlandais qui décide de son avenir », a-t-il clamé.

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