Roberto Azevedo, directeur général de l'OMC © REUTERS

« Pas d’indication » que les USA quittent l’OMC sous Trump

Le Vif

Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce a déclaré jeudi qu’il n’avait aucune indication que les Etats-Unis allaient quitter l’OMC sous l’administration de Donald Trump.

« Je n’ai eu aucune indication de qui que ce soit disant que ce serait le cas », a dit Roberto Azevedo devant les journalistes à Genève, siège de l’organisation.

Pendant sa campagne, le président élu Trump avait qualifié l’OMC de « désastre » et laissé entendre que les Etats-Unis pourraient s’en retirer si Washington ne pouvait pas renégocier certains règlements de l’organisation, notamment en matière de tarifs douaniers.

M. Azevedo a souligné qu’il était prématuré de spéculer sur ce que fera le futur président une fois au pouvoir. « Je ne sais tout simplement pas ce que seront les politiques commerciales » de la future administration, a-t-il ajouté.

« Je ne lui ai pas parlé » depuis son élection, a-t-il dit, en réponse à une question. Il a indiqué qu’il avait eu des contacts avec l’équipe de transition du président-élu. « Je leur ai dit que j’était disponible pour une conversation, dès qu’ils seront prêts ».

Le chef de l’OMC s’est dit quelque peu réticent à se livrer à des pronostics sur la future administration « sur la foi des gros titres » et a estimé que M. Trump devrait avoir l’occasion d’évaluer la question du commerce mondial « dans une perspective plus large ».

Le prochain gouvernement américain a besoin d’espace pour « examiner (le commerce) dans un environnement où il y aura d’autres composants en jeu que les bulletins de vote », a-t-il dit.

Effet perturbateur

M. Azevedo, qui est de nationalité brésilienne, a reconnu que beaucoup de gens dans le monde considèrent que le commerce international tue des emplois, même si une telle perception n’est basée sur aucune preuve.

« Le commerce a parfois un effet perturbateur », a-t-il dit, mais a mis en garde contre un diagnostic erronné de l’impact des échanges mondiaux.

S’appuyant sur des recherches de l’OMC, il a indiqué que sur dix emplois supprimés, deux pouvaient être la conséquence de la mondialisation, mais que les autres découlaient du remplacement de la main d’oeuvre par les nouvelles technologies.

Il a souligné que toute amélioration du projet de globalisation ne doit pas se traduire par des mesures de repli protectionniste.

« Si le remède n’est que le protectionnisme, vous ne ferez qu’aggraver l’état du patient », a estimé M. Azevedo. Il a rappelé que l’innovation, qui est le principal facteur de pertes d’emploi, est soutenue par pratiquement tous les responsables politiques.

Selon lui, certains politiciens ont utilisé la mondialisation comme bouc émissaire pour expliquer le chômage et les difficultés économiques.

« Une erreur que nous avons faite dans le passé, y compris dans des organisations comme la mienne, a été de laisser les gens penser que le commerce était une chose acquise », a-t-il dit.

« Il est si évident que le commerce est une composante (économique) positive (…) que les gens ont oublié d’expliquer pourquoi », a-t-il poursuivi. « Il faut de nouveau défendre le commerce ».

Donald Trump a promis de retirer les Etats-Unis du très controversé Traité de libre-échange transpacifique (TPP), dès son accession au pouvoir.

Dans un court message vidéo diffusé mardi, le milliardaire américain a qualifié le TPP de « désastre potentiel pour notre pays ».

Ce traité a été signé par 12 pays, mais a encore besoin d’être approuvé par le Congrès américain, contrôlé par les Républicains.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a répété jeudi que « le TPP sans les États-Unis n’aurait pas de sens ».

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