Parfum de scandale autour de la libération de l’assassin de Pim Fortuyn
L’homme le plus détesté des Pays-Bas se promenant tranquillement dans les rues d’Amsterdam. Ce cliché va choquer les Hollandais en 2014. Mais l’affaire connaît, ces derniers temps, de nouveaux soubresauts lorsqu’on apprend que celui-ci a été mis en scène avec l’accord du ministère de la Justice.
Il n’y a pas qu’en Belgique que la libération de criminels très médiatiques crée des remous. Chez nos voisins bataves aussi, la population n’accepte guère que la loi soit la même pour tous les détenus. Au coeur de cette tempête médiatique, on retrouve Volkert van der Graaf. Celui qui a tué, en mai 2002, Pim Fortuyn, le leader de la droite populiste, sur un parking d’Hilversum à quelques jours des élections législatives. Le politique était alors au sommet de sa popularité et s’apprêtait à conquérir le pouvoir. Son succès, Fortuyn le devait à un programme simple : il est temps de rétablir l’ordre, de fermer les frontières, tout en intégrant les immigrés déjà présents. van der Graaf avouera plus tard qu’il avait tué Pim Fortuyn pour l’empêcher d’autoriser l’élevage des animaux à fourrure et parce qu’il le voyait comme une menace pour la société. Si le personnage angoissait une partie de la société hollandaise, le premier assassinat politique de l’histoire moderne des Pays-Bas va choquer la population et provoquer un tsunami de votes pour ses héritiers politiques. L’élan de sympathie va néanmoins retomber comme un soufflé devant l’incompétence de ces derniers.
L’assassin a été condamné à 18 ans de prison, mais n’aura effectué que les deux tiers de sa peine. Il sortira en effet de prison le 2 mai 2014. Sa sortie de prison était assortie d’une série de conditions telle qu’un rendez-vous hebdomadaire avec l’assistance postpénale, l’interdiction de se rendre à Rotterdam, La Haye et Hilversum, d’une surveillance par un bracelet électronique et surtout il ne pouvait pas entrer en contact avec la famille de Pim Fortuyn ni s’adresser aux médias. Et c’est là que le bât blesse puisque le journal De Telegraaf publie en une photo de l’assassin se promenant tranquillement dans les rues d’Amsterdam quelques semaines plus tard. Le scoop est important pour le journal et marquera les annales, mais il n’aura pas d’autre conséquence à l’époque.
Jusqu’à ce que l’affaire soit relancée vers la fin septembre 2015 lorsqu’on apprend que cette fameuse photo a été minutieusement préparée et rendue possible grâce à l’accord et l’aide du ministère de la Justice. Le ministre sauvera son poste uniquement parce qu’il ne l’occupait que depuis seulement quelques mois. L’affaire étant donc imputable à son prédécesseur Ivo Opstelten. Celui-ci avait dû quitter ses fonctions en mars 2015 suite à un autre scandale lié à une obscure transaction financière entre le ministère de la Justice et un célèbre baron de la drogue.
Cette « paparazzade » aurait été montée par le ministère de la Justice à la demande de son avocat pour éviter que Volkert van der Graaf ne fasse justement l’objet d’une chasse à l’homme par les paparazzis et assurer la sécurité de l’intéressé. Dans un entretien dans le Volkskrant, publié le 23 septembre, un ancien avocat de l’assassin confirme ces allégations et enfonce le clou en disant que l’opération s’était effectivement déroulée à la demande de l’État et avait fait l’objet d’intenses tractations durant plusieurs mois.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici