Panagiotis Lafazanis © Reuters

Panagiotis Lafazanis, celui qui a rompu avec Tsipras

Le Vif

Fervent adversaire du nouveau plan d’aide à la Grèce, l’eurosceptique Panagiotis Lafazanis a consommé sa rupture avec Alexis Tsipras en annonçant la fondation d’un nouveau parti dont l’objectif est de mettre un terme à l’austérité dans son pays en crise.

A 63 ans, l’ancien ministre du gouvernement Tsipras et ancien cadre du Syriza, a été appelé lundi par le président de la République, Prokopis Pavlopoulos, à former une coalition puisqu’il est désormais à la tête du troisième groupe parlementaire. Une tentative rendue indispensable par la Constitution même si elle est d’ores et déjà vouée à l’échec, mais qui marque une nouvelle étape dans son ascension politique.

M. Lafazanis avait annoncé vendredi son intention de former un nouveau parti, l’Unité populaire, qui regroupe 25 députés dissidents de la Gauche radicale Syriza, qui ont refusé de suivre Alexis Tsipras sur la voie de la rigueur budgétaire. Cette décision était intervenue au lendemain de la démission du Premier ministre qui devrait conduire à des élections législatives anticipées, sans doute le 20 septembre. Fines lunettes, le cheveu foncé mais la barbe déjà blanche, cet homme aux airs d’instituteur n’éprouve aucun tabou vis-à-vis du « Grexit ». Il défend même l’idée d’une sortie de la son pays de la zone euro « si les politiques d’austérité continuent ». « Il ne faut pas avoir peur ou diaboliser » un tel scénario, selon lui. Une sortie de la zone euro ne serait « pas un désastre », croit-il également savoir. Etrange paradoxe: il se retrouve à partager le même point de vue que l’intransigeant ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui a proposé en juillet une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro. M. Lafazanis prône en outre une nationalisation des banques grecques en grande difficulté actuellement et qui vont devoir être recapitalisées.

Contre les privatisations

Vent debout contre la nouvelle cure d’austérité imposée à la Grèce, ce mathématicien de formation, réputé intransigeant, estime qu’Alexis Tsipras a fait complètement fausse route en acceptant un troisième plan d’aides international, de 86 milliards d’euros. Pour lui, il a cédé « au chantage » des autres Européens en signant un accord qui prévoit de nouveaux douloureux sacrifices pour une population à genoux.

L’accord conclu entre la Grèce et ses partenaires européens dans la nuit du 12 au 13 juillet a marqué la rupture avec le jeune Premier ministre, de 22 ans son cadet. Avec deux autres ministres, Panagiotis Lafazanis, qui était ministre de l’Environnement, de l’Enérgie et de la Restructuration productive avait d’ailleurs été limogé du gouvernement dans la foulée, après avoir voté contre l’adoption d’un train de mesures controversées exigées par les partenaires de la Grèce. Depuis il a multiplié les apparitions publiques à Athènes mais aussi aux quatre coins du pays, laissant penser qu’il s’apprêtait à créer une nouvelle formation politique. Avant même sa rupture avec Syriza, dont il était jusqu’ici l’un des principaux responsables, ce militant syndical de longue date se situait déjà à l’aile gauche de ce parti hétéroclite composé de plusieurs courants de gauche ou d’extrême-gauche. Durant sa jeunesse, il a fait partie du mouvement estudiantin à l’origine du renversement de la dictature des colonels en 1974, comme de nombreux de ses camarades à l’époque. Il joua également un rôle de premier plan dans le Parti communiste grec KKE.

Elu député pour la première fois il y a 15 ans dans une circonscription du port du Pirée, il a depuis enchaîné les mandats législatifs sous la bannière de Syriza. Durant ses 5 mois et demi à la tête d’un large ministère, il a cherché à stopper certaines privatisations décidées par le précédent gouvernement, notamment celles des sociétés de gaz ou d’électricité. M. Lafazanis, originaire d’une ville proche d’Athènes, est marié et père de trois filles.

Avec AFP

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