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Pakistan : la justice destitue le Premier ministre

Yousuf Raza Gilani est destitué deux mois après avoir été condamné pour son refus de rouvrir des poursuites pour corruption contre le président du pays, Asif Ali Zardari.

C’est inédit au Pakistan. La Cour suprême du Pakistan a destitué mardi le Premier ministre Yousuf Raza Gilani, deux mois après l’avoir condamné pour son refus de rouvrir des poursuites pour corruption contre le président du pays, Asif Ali Zardari et ordonné à celui-ci de le remplacer.

Yousuf Raza Gilani est destitué de son rang de parlementaire à partir du 26 avril, date de sa condamnation. « Il cesse également d’être Premier ministre du Pakistan », a déclaré le président de la Cour Suprême, le juge Iftikhar Muhammad Chaudhry. Mais Yousuf Raza Gilani a déclaré à plusieurs reprises que seul le parlement, et non la justice, pouvait ordonner sa destitution. Le Parti du peuple pakistanais (PPP) au pouvoir a convoqué une réunion d’urgence juste après l’annonce du verdict. La décision de la justice pourrait en effet entraîner des élections législatives anticipées avant le début 2013, date prévue du prochain scrutin.

Atteinte à l’honneur de la justice

Yousuf Raza Gilani est le premier Premier ministre en exercice à avoir été ainsi condamné dans l’histoire du pays, indépendant depuis 1947. Aux termes de la Constitution pakistanaise, une personne reconnue coupable d’avoir porté atteinte à l’honneur de la justice ou de l’avoir ridiculisée peut être empêchée de siéger au Parlement, condition sine qua non pour être Premier ministre.
Pour sa défense, Raza Yousuf Gilani avait excipé de l’immunité judiciaire dont jouit le président en exercice, un argument que la Cour avait rejeté en première instance et en appel. La haute juridiction avait en effet annulé en 2009 un décret d’amnistie générale de 2007 exonérant le président Zardari de poursuites notamment dans l’affaire des comptes suisses. Elle avait alors sommé le gouvernement de demander à la justice suisse de rouvrir l’enquête, ce qu’il n’a jamais fait.

En 2003, un tribunal suisse avait en effet reconnu coupables en première instance le président Zardari et son épouse l’ex-Premier ministre Benazir Bhutto, de blanchiment mais le couple avait fait appel. En 2010, le procureur de Genève avait estimé qu’il ne pourrait rouvrir le dossier tant que Asif Ali Zardari serait président, en raison de cette immunité.

Ce verdict renforce en tout cas l’incertitude politique et la fragilité d’un gouvernement déjà aux prises avec une violente rébellion islamiste, menée par les talibans alliés à Al-Qaïda, et une grave crise économique et sociale.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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