Réactions suite au meurtre de Sabeen Mahmud © AFP

Pakistan: choc et stupeur après le meurtre d’une militante des droits de l’Homme

L’intelligentsia pakistanaise était sous le choc samedi au lendemain de l’assassinat de Sabeen Mahmud, une militante respectée des droits de l’Homme abattue dans la métropole Karachi (sud) quelques minutes après avoir tenu une conférence sur l’un des sujets les plus sensibles au pays: la province rebelle du Baloutchistan.

Sabeen Mahmud rentrait vendredi soir avec sa mère en voiture du « The Second Floor », un café-débat qu’elle dirige, après une conférence sur la situation des droits de l’Homme au Baloutchistan lorsque des hommes armés les ont pris d’assaut. La militante des droits de l’Homme a été criblée de cinq balles et est morte sur le coup, tandis que sa mère a été blessée, d’après la police locale. « Selon nos premières informations, il semble que l’attaque soit due à une inimitié personnelle », a déclaré à l’AFP Moeez Pirzada, le porte-parole de la police du Sind, province dont Karachi est la capitale. Sabeen Mahmud venait de quitter son café où elle avait tenu un séminaire baptisé « Redonner la voix au Baloutchistan, deuxième partie », en référence à une conférence similaire prévue à l’université Lums de Lahore (est) mais qui avait été annulée au début du mois par les puissants services de renseignement. La tête d’affiche de ces deux conférences était Mama Qadeer, un septuagénaire qui avait marché 2.000 kilomètres l’an dernier à travers le Pakistan afin d’attirer l’attention sur la question des droits de l’Homme au Baloutchistan, vaste province gorgée de ressources minières, et le théâtre d’un conflit méconnu opposant une rébellion sécessionniste aux forces de sécurité pakistanaises. Mama Qadeer, ou « Oncle Qadeer », de son vrai nom Abdul Qadeer Baloch, avait fondé il y a cinq ans l’organisation ‘La voix des personnes portées disparues au Baloutchistan’ (VBMP) après la disparition de son fils, membre d’un parti nationaliste baloutche, finalement retrouvé mort criblé de balles. De nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme accusent les services secrets pakistanais de kidnapper, détenir, puis tuer, des partisans présumés de l’indépendance du Baloutchistan. Des responsables pakistanais ont toujours nié leur implication dans ces disparitions mystérieuses.

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