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Otan : la Belgique pour le désarmement nucléaire en Europe, mais avec réalisme

La Belgique défend l’idée d’un désarmement nucléaire au niveau mondial, mais en tenant compte de la situation « incertaine » qui prévaut, a affirmé dimanche le Premier ministre Elio Di Rupo, alors que l’Otan s’apprête à entériner une révision de sa posture de défense et de dissuasion lors du sommet qui se tient durant deux jours à Chicago (nord-est des Etats-Unis).

« Nous sommes un pays qui continue à défendre la dénucléarisation, et en particulier en Europe », a-t-il déclaré à la presse belge avant l’ouverture de ce sommet.

« Mais nous devons rester des partenaires sérieux et tenir compte d’une réalité, avec une situation incertaine dans le monde multipolaire », a expliqué M. Di Rupo, confirmant une constante dans la politique étrangère belge qui refuse un désarmement nucléaire unilatéral.

Il faut « faire en sorte de réduire la capacité (nucléaire) sur l’ensemble du globe », a ajouté le Premier ministre, sans faire la moindre allusion à la présence présumée d’armes nucléaires américaines sur le sol belge.

L’Otan doit adopter à Chicago une révision de sa posture de défense et de dissuasion, la « Defence and Deterrence Posture Review » (DDPR) commandée par les dirigeants alliés lors de leur dernier sommet, à Lisbonne en novembre 2010.

Mais ce document, dont seule une version « déclassifiée » pourrait être rendue publique, ne devrait pas modifier fondamentalement la politique de dissuasion nucléaire de l’Otan, actuellement « articulée autour d’une combinaison appropriée de capacités nucléaires et conventionnelles », bien que les conditions de l’emploi de l’arme nucléaire « so[ie]nt extrêmement improbables ».

Le concept stratégique adopté à Lisbonne souligne aussi que « tant qu’il y aura des armes nucléaires dans le monde, l’Otan restera une alliance nucléaire ».

L’Otan semble toutefois prête à envisager des « garanties de sécurité négatives » stipulant – comme l’ont déjà fait les trois puissances atomiques qu’elle compte (les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne) – qu’elle n’utilisera pas d’armes nucléaires contre les États non dotés de l’arme nucléaire parties au Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

En février 2010, les ministres des Affaires étrangères de cinq des 28 pays alliés – l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, la Norvège et les Pays-Bas – avaient écrit au secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, pour réclamer un « grand débat » sur la politique nucléaire de l’Alliance et le retrait des quelque 150 à 240 bombes atomiques américaines entreposées dans cinq pays alliés (Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas, Turquie). Une dizaine de ces engins, des bombes aéroportées de type B-61, seraient ainsi stockés sur la base aérienne de Kleine-Brogel (Limbourg).

« Nous plaidons pour une réduction de l’armement nucléaire et conventionnel au niveau le plus bas possible », a renchéri dimanche l’actuel chef de la diplomatie belge, Didier Reynders.

Le Vif.be, avec Belga

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