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Oradour-sur-Glane se souvient

Le Vif

A l’occasion d’un hommage aux victimes du massacre d’Oradour-sur-Glane, le président allemand Joachim Gauck a répondu présent ce mercredi à l’invitation de François Hollande et est le premier dirigeant d’Outre-Rhin à s’y rendre.

Le président allemand Joachim Gauck est attendu avec François Hollande, mercredi à Oradour-sur-Glane, pour la première visite d’un dirigeant d’Outre-Rhin dans ce « village martyr » de la Haute-Vienne où fut perpétrée la pire atrocité nazie en France occupée.

Une visite à « dimension historique »

« C’est pour moi le point culminant » d’une visite d’Etat de « dimension historique » en France, a déclaré le responsable allemand, lors d’une conférence de presse en compagnie de son homologue français. Les deux présidents, accompagnés de leurs épouse et compagne, sont attendus aux alentours de 14H30 et doivent arpenter les rues du village fantôme où 642 personnes, dont 205 enfants, furent tuées, le 10 juin 1944, par une unité de la division « Das Reich », qui remontait vers le front de Normandie.

Joachim Gauck et François Hollande traverseront notamment le champ de foire, où la population fut rassemblée avant les exécutions méthodiques, et gagneront l’église, où femmes et enfants furent regroupés et brûlés. Des allocutions des deux chefs d’Etat sont prévues au Centre de la mémoire, inauguré en 1999 à proximité des ruines classées monument historique en 1946. La visite doit durer près de deux heures et s’achever par une rencontre avec des familles des victimes. Deux survivants du massacre seront présents.

« Qu’on se souvienne ce que des Allemands d’une autre Allemagne ont commis »

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« Je ne leur cacherai pas mon état d’âme, je n’hésiterai pas, en pleine conscience politique, à dire que cette Allemagne que j’ai l’honneur de représenter est une Allemagne différente de celle qui hante leurs souvenirs », a déclaré Joachim Gauck mardi devant la presse, en prévision de cette rencontre avec les familles des survivants. « Vous avez bien voulu que je sois à vos côtés à Oradour pour qu’on se souvienne ce que des Allemands d’une autre Allemagne ont commis comme atrocités », a-t-il ajouté à l’adresse de François Hollande, déclarant avoir accepté son invitation « avec un mélange de reconnaissance et d’humilité ».



Le massacre d’Oradour-sur-Glane conserve une forte connotation symbolique de la barbarie nazie dans la mémoire collective en France et le déplacement de Joachim Gauck dans ce petit village du Limousin devrait constituer un moment important, sur le plan émotionnel, dans les relations entre les deux pays, comme le fut l’image de François Mitterrand et Helmut Kohl se tenant par la main, en 1984, à Douaumont, près de Verdun, où se déroulèrent les combats les plus meurtriers de la première guerre mondiale. François Hollande a rendu un hommage appuyé à la décision de Joachim Gauck de se rendre à Oradour. Cette visite « sera un symbole, le symbole d’une histoire, d’un passé qui se regarde en face, d’une vérité qui doit être dite, prononcée, proclamée, reconnue » en présence des familles et des survivants. Mais cette visite, a poursuivi le président français, « nous oblige à aller, une fois reconnu le passé, dans la préparation audacieuse de l’avenir ».

Une période de commémoration historique

Dans l’entourage de la présidence française, on insiste sur la personnalité et le parcours de Joachim Gauck, qui s’est toujours montré très soucieux de l' »importance d’une mémoire réconciliée ». Le président allemand, âgé de 73 ans, a acquis une indiscutable aura dans son pays, en présidant, après la réunification, de 1990 à 2000, l’organisme chargé des archives de la Stasi, l’ancienne police politique de la RDA. Joachim Gauck s’est déjà rendu en tant que président sur plusieurs sites de massacres nazis, notamment en octobre 2012 à Lidice, près de Prague, puis en mars 2013 en Toscane, demandant le pardon pour les fautes de l’Allemagne hitlérienne.

Le calendrier se prête aussi particulièrement à une telle visite. Du côté français, on rappelle qu’elle marquera un temps fort de l’année franco-allemande, sur le point de s’achever, et qui marquait le cinquantenaire du traité de l’Elysée signé entre le président Charles de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer. La visite intervient également à l’approche du 70ème anniversaire des commémorations de la libération des pays d’Europe du joug nazi, et enfin de celles du centenaire de la guerre de 1914-1918.

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