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Obama, le pire président américain ?

Stagiaire Le Vif

Le président Barack Obama, qui fait face à un second mandat difficile, apparaît en tête de la liste des pires dirigeants américains depuis 1945, selon un sondage paru mercredi aux États-Unis.

D’après une étude révélée par l’institut de sondage de l’université Quinnipiac (Connecticut), près de 33 % des personnes interrogées voient le président Obama comme le pire dirigeant américain de ces 69 dernières années.

Toujours selon ce même sondage, mené entre le 20 et le 24 juin dernier auprès de 1.446 électeurs enregistrés, le président démocrate dépasserait d’une courte tête son prédécesseur, le républicain George W. Bush (28 %), suivi du républicain Richard Nixon (13 %), impliqué dans le Watergate.

À l’inverse, 35 % des sondés considèreraient le républicain Ronald Reagan, à la Maison-Blanche de 1981 à 1989, comme étant le meilleur dirigeant qu’ait connu le pays depuis 1945, tandis que 18 % opteraient pour Bill Clinton et 15 % pour John F. Kennedy.

Une tradition américaine

Comme le soutient L’Express, la notion de « pire président » revient souvent aux États-Unis. En 2006, un sondage placardé en Une des journaux honorait George W. Bush, alors en exercice, de ce titre. Le Washington Post rappelait à l’époque que chaque dirigeant américain, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à l’exception de Bill Clinton, avait été jugé ainsi.

Traditionnellement, les présidents en fonction font face aux plus fortes critiques, et leur bilan est souvent réévalué à leur départ, d’après l’institut statistique référence Gallup, qui donnait 41 % d’opinions favorables à Obama en juin dernier.

Reste que, selon plusieurs observateurs, les opinions politiques des sondés permettraient de nuancer le résultat du sondage de l’université Quinnipiac. Ainsi, Slate affirme que « les démocrates ont un seul problème lorsqu’on leur pose cette question : ils apprécient plusieurs présidents (Clinton, Kennedy et Obama) et en détestent plusieurs (les Bush, Nixon) ». Leurs réponses seraient donc dispersées, contrairement aux républicains, unanimement contre Obama (63 %) et pour Reagan (66 %).

Le plus dur reste à venir ?

Un argument qui ne réconfortera pas forcément Barack Obama. Surtout que les nombreux dossiers conflictuels qui arriveront bientôt sur la table — réforme sur l’immigration, intervention en Irak — ne devraient pas embellir sa cote de popularité.

En parallèle, le président américain doit maintenant aussi affronter les représentants législatifs, à quelques mois seulement des élections de mi-mandat, qui auront lieu en novembre prochain.

Attaqué récemment pour « abus de pouvoir » et menacé d’une inhabituelle procédure judiciaire par le Congrès, Barack Obama a publiquement défié ses adversaires républicains et promis d’agir par décret sur des sujets brûlants comme la régularisation des sans-papiers.

D’aprèsL’Orient le jour, la tension à Washington serait aujourd’hui telle que le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, aurait annoncé que « la Chambre lancerait bientôt une procédure judiciaire contre Barack Obama, pour abus de pouvoir ».

Les chefs d’accusation s’accumulent contre le président, qui a changé de lui-même les dates d’entrée en vigueur de plusieurs volets de sa réforme du système de santé et est « allé trop loin en renforçant les réglementations anti-carbone ou en régularisant temporairement des centaines de milliers de jeunes sans-papiers depuis 2012 », selon ce même journal.

Ultime preuve à charge citée par L’Orient le jour : « la Cour suprême a unanimement jugé que le président avait enfreint la Constitution en nommant plusieurs membres d’une commission gouvernementale importante, le Bureau national du travail (NLRB), sans demander l’aval du Sénat ». Ce que réfuterait en partie George Edwards, l’un des meilleurs experts du pouvoir présidentiel, qui souligne plutôt un moyen de pression utilisé par les républicains dans la lutte contre les démocrates.

Ces attaques semblent pourtant presque avoir galvanisé l’administration Obama. « Tant que les républicains du Congrès (NDLR) ne font rien, je ne vais pas m’excuser de faire quelque chose », a ainsi rétorqué le président, après avoir demandé à ses ministres de formuler de nouvelles propositions pour agir dans les prochains mois.

Cependant, même si Barack Obama semble trouver dans cette stratégie un regain d’énergie, il est peu probable qu’elle dope durablement sa cote de popularité et aide le Parti démocrate aux prochaines élections.

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