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Obama fait le siège du Congrès américain pour obtenir un feu vert

Le Vif

La campagne lancée par Barack Obama pour convaincre le Congrès de donner son feu vert à des frappes en Syrie entre mardi dans le vif du sujet, avec l’audition au Sénat du secrétaire d’Etat John Kerry et du chef du Pentagone Chuck Hagel.

Avant de s’envoler pour la Suède mardi soir, Barack Obama a aussi invité les responsables des commissions-clés du Congrès à venir le rencontrer mardi matin à la Maison Blanche, où il tentera de leur « vendre » l’intervention syrienne au nom de l’intérêt national.

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel et le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey, défendront ensuite à 14h30 (20h30 chez nous) devant les 18 sénateurs de la commission des Affaires étrangères le projet de résolution envoyé samedi au Congrès et autorisant des frappes militaires contre le régime du président syrien Bachar al-Assad.

Ils devraient placer le Congrès face à ses responsabilités et mettre les parlementaires en garde contre les conséquences de l’inaction en Syrie pour la crédibilité des Etats-Unis sur la scène internationale, en particulier dans le dossier du nucléaire iranien.

M. Kerry « expliquera que l’absence d’action contre Assad annule l’effet dissuasif des normes internationales contre l’utilisation des armes chimiques; met en danger nos amis et nos partenaires le long des frontières de la Syrie… et risque d’enhardir Assad et ses alliés clés: le Hezbollah et l’Iran », a expliqué un haut responsable du département d’Etat sous couvert d’anonymat.

Aucun vote avant le 9 septembre

La rentrée officielle du Sénat et de la Chambre des représentants aura lieu le 9 septembre, et aucun vote n’aura lieu avant cette semaine-là.

Mais les parlementaires entendent user de leurs nouvelles prérogatives pour amender significativement les deux pages de la résolution élaborée par la Maison Blanche, afin d’écrire noir sur blanc qu’aucun soldat américain ne saurait être déployé en territoire hostile.

Le périmètre de l’opération proposée par Barack Obama est trop large, selon de nombreux parlementaires qui se répandent depuis dimanche dans les médias. Même des démocrates, comme le sénateur Patrick Leahy, critiquent ouvertement le texte.

Pas question pour eux d’autoriser le président à employer toute action militaire « nécessaire et appropriée en relation avec l’utilisation d’armes chimiques ou d’autres armes de destruction massive dans le conflit en Syrie », comme est actuellement rédigé le projet.

S’ils doivent partager la responsabilité d’éventuelles frappes, ils veulent des garde-fous pour ne pas porter celle d’un potentiel bourbier syrien.

Maigres chances de succès

Citant anonymement de multiples responsables du Congrès, les médias américains spéculaient sur les maigres chances de succès de la résolution, qui devra être approuvée dans les mêmes termes par la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, et le Sénat, à majorité démocrate.

Rares sont ceux à avoir officialisé leur soutien. L’audition de mardi au Sénat devrait révéler le positionnement de plusieurs élus-clés, comme le sénateur conservateur Marco Rubio, possible candidat républicain à la présidentielle en 2016.

Le dilemme de M. Rubio illustre le choix auquel font face les républicains: voter avec les « faucons » la résolution et donner une victoire politique au président démocrate; ou suivre la frange du Tea Party, rejeter la résolution et endommager la crédibilité américaine.

A l’issue d’une rencontre à la Maison Blanche lundi, les sénateurs républicains interventionnistes John McCain et Lindsey Graham ont qualifié de « catastrophique » un éventuel rejet de la résolution.

Avec cet avertissement, les deux républicains ont semblé apporter leur soutien à Barack Obama. Mais, a admis M. McCain, « on est encore loin » d’une majorité.

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