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Obama accuse la Russie d’anti-américanisme

Le Vif

Le président des Etats-Unis Barack Obama a accusé vendredi la Russie de son homologue Vladimir Poutine d’anti-américanisme, le chef de la diplomatie russe lui répondant que la « Guerre froide » appartenait au passé.

Moscou et Washington, aux relations encore plus glaciales depuis l’affaire Snowden et l’annulation d’un sommet entre les deux présidents, ont voulu faire bonne figure vendredi lors d’un face à face « 2+2 » entre les secrétaires d’Etat et à la Défense John Kerry et Chuck Hagel et leurs homologues russes Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou.

Les quatre ministres ont fait valoir les intérêts communs des deux pays sur la scène internationale plutôt que la longue liste de leurs contentieux.

Mais lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, M. Obama a estimé qu’il y avait « davantage de rhétorique anti-américaine » en Russie depuis le retour en mai 2012 au Kremlin de Vladimir Poutine. Il y a même vu la réminiscence de « quelques vieux stéréotypes de la confrontation de la Guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie », une expression qu’il avait déjà employée mardi.

Le président américain a toutefois assuré qu’il n’avait « pas de mauvaises relations » avec le président russe. Il a exclu tout boycott des jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, en Russie, en 2014, jugeant « inappropriée » une telle mesure qui rappellerait les boycotts des Américains et des Russes aux JO d’été des années 1980.

Mais les relations actuelles entre les anciens ennemis de la Guerre froide sont tombées à un niveau rarement vu depuis des décennies, depuis que M. Obama a annulé mercredi son sommet avec M. Poutine. L’événement était prévu début septembre à Moscou, avant le G20 des 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg où le président américain devrait toutefois se rendre.

Le sommet de Moscou ne sera pas remplacé par une rencontre en marge du G20, a précisé le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, assurant cependant que la Russie ne prendrait pas de mesures de représailles contre les Etats-Unis.

Pour justifier ce camouflet sans précédent depuis les années 1960, la Maison Blanche avait invoqué « le manque de progrès récents » sur la défense antimissile, le commerce et les droits de l’homme.

Les Américains se sont dits surtout « déçus » par les Russes dans l’affaire Edward Snowden, du nom de l’informaticien américain qui a révélé l’ampleur de la surveillance des communications par les Etats-Unis et à qui Moscou a accordé l’asile temporaire.

« Relation normale » Mais M. Lavrov s’est déclaré beaucoup plus « optimiste » sur les relations russo-américaines. « Il est clair que l’on ne peut pas s’attendre à une Guerre froide », a-t-il dit à la presse, affirmant que le « dossier Snowden n’affecte pas les grandes lignes de la relation ».

« L’humeur générale était très positive » durant le « 2+2 », s’est félicité le Russe, excluant la « moindre aggravation » dans une « relation normale » entre les deux puissances.

Son homologue John Kerry a aussi mis en avant une « relation très importante et marquée à la fois par des intérêts partagés et parfois par des intérêts conflictuels ». Les deux hommes, qui s’entendent bien, ont parlé de leurs points d’accord comme la non-prolifération nucléaire, le désarmement, l’Afghanistan, l’Iran ou la Corée du Nord et de leurs différends sur les droits de l’homme, la défense antimissile et la Syrie.

Sur cette guerre, Russes et Américains s’efforcent depuis trois mois d’organiser une conférence de paix, dite Genève 2, qui doit offrir une solution politique négociée entre Damas et la rébellion. D’après M. Lavrov, Washington et Moscou sont d’accord pour que Genève 2 ait lieu « dès que possible » et des responsables des deux pays doivent se revoir fin août.

Sous le mandat du président russe Dmitri Medvedev (2008-2012), le président Obama avait proposé un « Reset », une relance des relations bilatérales. Elle est « définitivement enterrée », selon le président de la commission des Affaires étrangères de la Douma russe, Alexeï Pouchkov.

Pour autant, aucun des deux pays n’a évoqué une rupture.

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