Obama a ouvert un boulevard à Trump

Les célébrations de la fin de mandat de Barack Obama ont pu, à juste titre, être qualifiées d’excessives tant elles furent exemptes de regard critique sur un mandat à tout le moins mitigé.

L’obsédante Obamania a bel et bien régné jusqu’aux derniers jours. Aurait-on salué avec autant de fanfare le départ du président américain si Hillary Clinton avait été élue ? Fera-t-on autant de foin lorsque Donald Trump quittera, dans quatre ou huit ans (ou avant…), la Maison-Blanche ? Evidemment non. Car Barack Obama incarne la quintessence de ce que l’on apprécie d’un président américain en Europe.

Tout d’abord, Barack Obama est à moitié noir. C’eut été mieux qu’il le soit à 100% mais enfin c’est déjà bien. En tant que métis (même s’il n’a rien d’un Afro-américain, son père étant d’origine kenyane), il n’est qu’à moitié impérialiste et descend seulement à 50% d’ancêtres esclavagistes. On peut plus difficilement aussi le culpabiliser à propos du génocide amérindien. Il échappe donc au péché originel qui pèse sur l’Amérique.

Il appartient naturellement au camp antiraciste bien qu’il n’ait rigoureusement rien fait pour la cause du peuple noir. De récentes biographies tendent à prouver qu’il s’est senti rejeté par les blancs en tant que noir et par les noirs en tant que blanc. En attendant, il aura été le président du retour des émeutes raciales.

Sur le front du port d’arme, on aura connu un record de meurtres de masse sur les campus américains. Et il n’est pas parvenu à bouger les lignes face à un droit constitutionnel.

Il est démocrate, donc de centre gauche, ce qui correspond au centre de gravité de l’intelligentsia européenne, a fortiori latine et francophone. De mémoire de quinquagénaire, on n’a jamais vu nos élites espérer la victoire d’un candidat républicain. Mais si la question sociale est essentielle chez Obama et ce qui en fait pour nous le président idéal, l’embryon de sécurité sociale qu’est l’ObamaCare est financé par le secteur privé et obéit à la logique marchande. Obama a d’ailleurs par rapport au libéralisme économique une approche qui le positionnerait plus au MR qu’au PS s’il était wallon.

Il est détenteur bien précoce d’un prix Nobel de la paix, basé sur le pari du jury de Stockholm que la présidence d’Obama serait moins belliqueuse. De fait, le président sortant a retiré l’essentiel des troupes américaines d’Irak et a entamé le début de la fermeture du camp de Guantanamo, répondant ainsi à l’axe rêvé par l’Europe pacifique. Mais il n’en a pas moins fait exécuter par drone des milliers de terroristes présumés sans procès et l’élimination de Ben Laden, à mettre à son crédit, a heurté les Belles Âmes sur la question de son « enterrement » pas rigoureusement orthodoxe. Le retrait trop précoce des troupes d’Irak est par ailleurs partiellement responsable du chaos irakien et de la naissance de l’Etat islamique. Son ouverture à l’Iran est basée sur une confiance sans doute trop aveugle dans les mollahs chiites qui règnent sur la théocratie perse. Son ouverture à Cuba s’est faite sans exigence de contrepartie de la part de la dictature communiste au grand dam de l’opposition cubaine de Floride.

Bien que M. Obama ait commué la peine de prison de la soldate transsexuelle Manning condamnée pour avoir transmis plus de 700.000 documents confidentiels au site WikiLeaks, il a traité Edward Snowden de traître. Il n’a pas réellement condamné les dérapages des agences de sécurité américaines, notamment l’écoute du téléphone d’Angela Merkel et de plusieurs dirigeants européens. Il n’a pas davantage remis de l’ordre dans la guerre d’usure que se livrent notamment NSA, CIA et FBI lesquelles constituent un véritable Etat dans l’Etat. Peut-être avaient-elles un dossier sur ce mari exemplaire en apparence, mais en réalité quelque peu volage ?

Barack Obama a certes commué également jeudi dernier les peines de réclusion de 330 personnes majoritairement condamnées dans des affaires de drogue, mais il n’a pas mis fin aux trafics en provenance d’Amérique du Sud ni, sa véritable origine, la consommation effrénée de drogue par les Américains. Le système pénitentiaire américain demeure, après huit années de présidence d’Obama une véritable catastrophe. La Justice continue d’y condamner des malades mentaux.

Barack Obama n’a pas été un grand président. Son faible bilan a ouvert un boulevard pour Donald Trump

Il est sans doute un des présidents américains les moins pro-israéliens, ce qui est toujours apprécié dans une Europe largement acquise à la cause palestinienne. Pourtant il a largement délaissé cette question estimant sans doute que le risque/opportunité était trop élevé. Sa décision à quelques semaines de son départ de ne pas vétoïser une Résolution onusienne appelant à l’arrêt des « colonies » israéliennes pose question : pourquoi maintenant ?

Enfin, sa politique incohérente en matière d’immigration (proposition de régulariser des millions de latinos en même temps que des milliers de reconduites à la frontière) a achevé de le décrédibiliser. Mais elle a surtout fait peur à une Amérique qui doute d’elle-même et considère qu’elle a fait le plein d’immigrés.

On se doit d’être honnête. Barack Obama n’a pas été un grand président. Son faible bilan a ouvert un boulevard pour Donald Trump.

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