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Nucléaire iranien : un scénario « optimiste » et un scénario « noir »

Le Vif

L’ex-ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui avait négocié l’accord sur le nucléaire iranien au nom de Paris, a jugé mercredi le retrait américain « gravissime » pour la stabilité du Moyen-Orient et la crédibilité des accords internationaux à venir.

Cette décision est « un coup grave porté à la sécurité internationale », a-t-il dit sur la radio RTL. Elle est « grave, et même gravissime, car même si pour le moment la réaction du président Rohani a été modérée », et que « juridiquement l’accord continue d’exister », la question de savoir « si les Iraniens vont respecter les engagements qu’ils ont pris dans les circonstances nouvelles » est posée.

Il y a « la possibilité de tensions aggravées au Moyen-Orient », a-t-il ajouté, et, « plus largement encore, c’est toute la crédibilité des accords internationaux qui est en cause »: « si un accord entériné par les Nations unies unanimes, et qui a été respecté – l’AIEA en témoigne -, est mis en cause unilatéralement par un pays comme les Etats-Unis, à quoi alors est-ce qu’on peut croire ? », a-t-il interrogé.

En particulier, alors qu' »on cherche à dénucléariser la Corée du Nord », la décision américaine offre selon lui « un argument en or massif »: « lorsque la question des signatures va être posée, (…) est-ce que les Coréens du Nord ne vont pas dire +comment signer avec un pays qui lui-même n’a pas respecté un accord international entériné et respecté?+ », a-t-il souligné.

« Il y a beaucoup de scénarios possibles », dont « deux extrêmes », a-t-il dit.

Dans un scénario « optimiste », « l’Iran reste dans son engagement de ne pas avoir de bombe atomique, l’Europe, la Chine, les Russes, font le nécessaire pour que, en ce qui les concerne, les sanctions ne soient pas rétablies(…) et qu’on continue comme ça en essayant d’atténuer les tensions jusqu’au moment où, peut-être, les Américains, avec un président différent, reviendront sur leur position ».

Dans un scénario « noir », l’Iran sortirait de son engagement, provoquant « du même coup une réaction dans d’autres pays de la région – Arabie saoudite, peut-être l’Egypte, la Turquie » – qui souhaiteraient alors « se doter de la bombe », ce qui alimenterait « des tensions accrues » et « finalement une déstabilisation générale » avec, « au plus noir », « une possibilité de conflit direct entre l’Iran et les Etats-Unis ».

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