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Nouvelle démonstration de force des opposants au mariage gay à Paris

Le Vif

Des dizaines de milliers d’opposants au mariage homosexuel, tout juste légalisé en France, ont de nouveau défilé dans les rues de Paris dimanche pour un baroud d’honneur à trois jours de la célébration de la première union en mairie d’un couple gay.

Ironie de l’histoire, au moment même où se dispersaient les manifestants en début de soirée, le jury du Festival de Cannes décernait sa Palme d’or au film « La vie d’Adèle » du Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche, récompensant pour la première fois une oeuvre parlant ouvertement d’homosexualité.

A Paris, la manifestation a rassemblé entre 150.000 personnes, selon la police, et plus d’un million, selon les organisateurs qui, une nouvelle fois, ont dénoncé le « mensonge » de la préfecture. 2.800 personnes avaient par ailleurs répondu à l’appel de l’Institut Civitas, proche des catholiques intégristes, qui défilaient à part.

Derrière cette querelle de chiffres, la mobilisation a, semble-t-il, diminué avec le vote définitif le 23 avril de la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. La dernière grande manifestation nationale, le 24 mars à Paris, avait réuni, selon le collectif « La Manif pour tous », 1,4 million de personnes, 300.000, selon la police.

Alors que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, avait exprimé ces derniers jours son « inquiétude » face aux risques de provocation de groupes d’extrême droite, le manifestation s’est déroulée sans incidents graves.

Au total 4.500 policiers et gendarmes avaient été mobilisés, et une centaine de personnes ont été interpellées, dont 39 placées en garde-à-vue.

Malgré l’imposant dispositif de sécurité, une dizaine de militants du groupuscule Génération identitaire sont parvenus à escalader une terrasse du siège du Parti socialiste, déployant une banderole sur laquelle on pouvait lire « Hollande démission ». Interpellés, ils sont repartis en fourgonnette policière, sous les hourras.

Promis par François Hollande pendant sa campagne présidentielle, défendu par l’ensemble de la gauche, le « mariage pour tous » a suscité pendant des mois une forte opposition en France, au Parlement et dans la rue.

« Dernière fête des mères avant liquidation! « , « ce n’est pas fini, à peine on commence » : dans le quartier latin, des touristes regardaient le cortège un peu interloqués. Pilar, une Espagnole expliquait « savoir qu’une portion de la société française est conservatrice. Mais, à ce point là, ce n’est pas l’image que l’on a de la France ».

Ces derniers jours, les autorités françaises avaient multiplié les mises en garde contre les risques de provocation et d’infiltration par des groupes extrémistes.

La figure de proue de la contestation, Frigide Barjot, avait elle-même renoncé à manifester « compte tenu du climat de violence ». « La manif pour tous a fait son temps », a estimé en fin de journée l’égérie du mouvement qui, selon elle, a été « récupéré ».

Apportant leur soutien aux « anti », plusieurs élus de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), principal parti d’opposition de droite, et du Front national (extrême droite) avaient pris part au défilé.

Le président de l’UMP, Jean-François Copé, en a profité pour appeler les opposants au mariage gay à « transformer leur engagement sociétal en engagement politique », estimant que « le prochain rendez-vous serait dans les urnes », pour les élections municipales de 2014.

La loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels, première réforme sociétale du quinquennat de François Hollande, a été promulguée le 18 mai, faisant de la France le 14e pays au monde à reconnaître le mariage gay.

Dans plusieurs pays, le débat sur la question homosexuelle et la notion de famille se poursuit. Au Brésil, où la justice vient d’autoriser de facto le mariage entre couples de même sexe, 100.000 membres des églises protestantes ont manifesté samedi à Rio pour défendre « la famille traditionnelle ».

En Pologne, pays majoritairement catholique, des manifestations avaient lieu dimanche dans de nombreuses villes, alors que la gauche tente en vain depuis plusieurs mois d’y faire reconnaître les unions civiles pour les couples homosexuels et hétérosexuels.

A Varsovie, ils étaient plusieurs dizaines de milliers, rejoints par quelques dizaines de Français, venus défendre « les valeurs traditionnelles de la famille ».

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