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Nouvelle crise de gouvernance ouverte au quotidien Le Monde

Le quotidien français Le Monde affronte une nouvelle crise de gouvernance, après la démission de son directeur et le bras de fer entre la rédaction et les actionnaires au lendemain du rejet du candidat choisi pour lui succéder.

Directeur par interim depuis un an, Gilles van Kote a annoncé jeudi qu’il quittait ses fonctions, laissant le journal sans tête moins de 24 heures après le refus de la rédaction d’entériner la candidature à la direction de Jérôme Fenoglio. Ce dernier, soutenu par les actionnaires qui avaient écarté en avril les candidatures de M. van Kote et deux autres postulants, n’a recueilli mercredi que 55% des voix de la rédaction. Ce résultat est insuffisant au regard des statuts du journal qui requièrent l’aval d’au moins 60% de la rédaction pour en devenir le directeur.

« La décision » des actionnaires du journal « de ne pas retenir ma candidature au poste de directeur, puis le vote de la Société des rédacteurs du Monde mercredi qui a conduit au rejet de la candidature de Jérôme Fenoglio, que je soutenais, me conduisent (…) à démissionner » de ma fonction de directeur du journal, membre du directoire du groupe Le Monde » a écrit jeudi Gilles van Kote dans un message à la rédaction transmis à l’AFP.

Peu après, les trois hommes d’affaires propriétaires du Monde, Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, ont maintenu la candidature de Jérôme Fenoglio à la direction, dans un communiqué aux allures de mise en garde. « Les actionnaires invitent la société des rédacteurs du Monde (SRM) à examiner les enjeux qui se posent aujourd’hui aux groupes de presse et à considérer à nouveau les qualités de Jérôme Fenoglio, de son équipe et de son projet éditorial », ont-ils déclaré.

Avant de voter mercredi sur la candidature de Jérôme Fenoglio, les journalistes du Monde avaient adopté à l’unanimité un texte marquant leur « désapprobation sur la manière dont les actionnaires se sont comportés ». Le trio Bergé-Niel-Pigasse avait créé la surprise en proposant le mois dernier de confier la direction du quotidien à M. Fenoglio, qui n’était pas candidat. En cinq ans depuis l’arrivée des trois d’actionnaires, Le Monde, classé au centre-gauche et considéré comme un quotidien de référence, a déjà vu passer cinq directeurs.

Le Monde, qui a vendu en mars 280.556 exemplaires (papier ou internet) par jour en moyenne, voit ses chiffres de diffusion globaux baisser (-6.000 sur un an), la hausse des exemplaires numériques (+30% entre mars 2014 et mars 2015) ne compensant pas la chute des ventes papier.

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