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« Nous vivons un âge d’or »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Attaques chimiques, réchauffement climatique, menace nucléaire… Quand on suit un peu l’actualité, on a l’impression que l’humanité est très mal en point. Le philosophe et psychologue canadien Steven Pinker estime pourtant que l’on vit un « âge d’or ».

Interrogé par le quotidien De Morgen, Steven Pinker prouve par les chiffres que le monde va mieux. C’est l’inflation de mauvaises nouvelles, disponibles immédiatement sur l’écran de notre smartphone, qui nous fait croire que le monde est plus négatif qu’il n’y paraît. Il cite l’exemple de conflits sanglants en Syrie, au Yémen, en Somalie ou au Congo qui nous incitent à penser que le monde est à feu et à sang alors que le nombre de morts causés par la guerre a nettement baissé depuis les années 80.

Steven Pinker étudie les statistiques publiques relatives à la démographie, la médecine, l’enseignement et la guerre pour montrer l’évolution du 19e siècle à aujourd’hui. Les images d’enfants affamés en Somalie et dans les Philippines nous font croire que le dénuement extrême gagne du terrain, mais il n’en est rien. Depuis les années 1970, la pauvreté criante a dégringolé partout dans le monde, tout comme la mortalité infantile. L’analphabétisme a également fortement baissé.

Nous travaillons de moins en moins

Pinker constate également que nous travaillons de moins en moins. Il en va de même pour les heures consacrées à faire le ménage. De plus, les moyens de communication facilitent l’accès à la culture.

Le philosophe canadien explique que c’est l’excès de nouvelles négatives qui nous fait voir la réalité plus funeste qu’elle ne l’est. Pour le philosophe Maarten Boudry, les médias ne sont toutefois pas les seuls responsables. « Les évènements positifs ont souvent lieu de manière progressive et invisible, ce qui fait qu’elles frappent uniquement dans les statistiques. C’est le cas de la baisse de la pauvreté. En revanche, les phénomènes négatifs se produisent de manière rapide et brutale, comme un tsunami ou un krach boursier, par exemple », déclare-t-il au Morgen. « En matière de prospérité et de bien-être, nous avons progressé dans presque tous les domaines », conclut-il.

Historien et auteur du livre Gratis Geld voor iedereen (De l’argent gratuit pour tout le monde), Rutger Bregman constate que les personnes qui suivent beaucoup l’actualité sont souvent cyniques. En outre, cette abondance alimente la crainte. « Le problème c’est qu’à présent nous avons tout le temps peur dans un monde devenu beaucoup plus sûr », dit-il.

Steven Pinker met en garde contre le scepticisme qui règne autour de la pensée du progrès. « Attention aux cyniques et aux défaitistes qui veulent retourner à une époque qui n’a jamais existé », dit-il, parlant clairement de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Le philosophe estime en effet que le progrès n’est pas acquis et que le risque de faire marche arrière est bien présent.

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