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« Nous ne sommes pas des tueurs » : les clowns latinos veulent contrer la psychose

Ana Gonzalez, alias « Koketina », était toute fière de représenter le Costa Rica à la Convention annuelle des clowns latinoaméricains, cette semaine à Mexico, mais un commentaire sous une photo de sa page Facebook lui a glacé le sang : « Quand vous en verrez un, tirez ».

A quelques jours d’Halloween, quelque 200 professionnels du rire ont profité de cet événement pour délivrer un message afin d’essayer de contrer le phénomène des clowns sinistres, originaire des Etats-Unis et qui s’est étendu à de nombreux pays : « Nous sommes des clowns, pas des tueurs ! ».

Avec perruques, accessoires et costumes bariolés, ils ont posé équipés de pancartes à l’extérieur du théâtre accueillant leur convention.

La psychose a débuté outre-Atlantique, où une série de clowns sinistres ont créé la panique depuis le mois d’août.

Dans une douzaine d’Etats, des signalements d’hommes masqués rôdant près d’écoles ou d’entreprises, parfois armés et au volant de camionnettes, ont forcé la police, les écoles et même la Maison Blanche à intervenir.

Mc Donald’s a même annoncé sur CNN que son emblématique clown, Ronald McDonald, allait limiter ses apparitions publiques « pour le moment ».

Le phénomène des clowns sinistres a atteint l’Europe où des cas d’individus armés et masqués ont été dénoncés à la police aux Pays-Bas ou en Suède, notamment.

Ana González, visage recouvert de maquillage rosé et blanc, estime que la menace qui l’a visée est directement liée à la mode des clowns effrayants.

« J’ai immédiatement effacé le commentaire de cette personne, qui n’était pas un ami, mais comme mon profil est public, il a appelé à me tirer dessus », raconte « Koketina ».

Chasse aux clowns

L’inquiétude est palpable chez les saltimbanques. « Si les gens voient des infos qui disent que nous sommes méchants, ils peuvent sortir une machette ou une pistolet et tuer un clown », déclare à l’AFP Tomas Morales, qui se fait appeler « Llantom » et dirige la Fraternité des clowns latinos.

Outre la consigne donnée aux participants de propager ce mot d’ordre, ces artistes demandent également « aux médias de vérifier l’information et de ne pas relayer de fausses affaires ».

Se déguiser pour effrayer les passants, « je ne vois pas ce qu’il y a de drôle », tacle l’Argentin Emanuel Emiliano « Pituto Fosforito » Fernandez. « Le clown fait rire, égaye (le quotidien) des gens, point. Etre clown ce n’est pas seulement se déguiser, il faut prendre du plaisir », souligne-t-il.

« Si tu me voyais dans la rue, que ferais-tu ? », demande « Pituto Fosforito », vêtu d’un costume rose et légèrement maquillé.

Au Mexique, le week-end dernier, une dizaine d’adolescents déguisés ont été arrêtés par la police pour avoir fait peur dans les rues de Mexicali (nord-ouest) et Querétaro (centre). Sur les réseaux sociaux, des groupes appelant à la chasse aux clowns ont vu le jour.

« En Amérique latine, on absorbe tout comme des éponges », juge le Chilien Roger Jara en revêtant sa perruque rousse, sa casquette à carreaux et ses énormes chaussures pour devenir « Piñoncito ».

« Ce qu’ils prétendent avec ces dents et ces yeux angoissants, c’est semer la terreur. C’est très différent de porter le costume dans le coeur car pour nous c’est une vocation », fait-il valoir.

Pour « Piñoncito », ces apparitions alimentées par les réseaux sociaux répondent à une stratégie marketing en amont du remake du film « Ca » (« It »), basé sur le roman de Stephen King, qui dépeint un clown malfaisant.

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