Nick Clegg © REUTERS

« Nous Britanniques, nous serions fous de renoncer à notre position privilégiée au sein de l’UE »

Le Vif

Pour l’ancien vice-premier ministre britannique Nick Clegg, le Royaume-Uni doit rester dans l’Union européenne. « Un Brexit pourrait donner des idées aux nationalistes d’autres pays. Et c’est la dernière chose que souhaite Bruxelles. »

Cette année, le Royaume-Uni organisera une consultation populaire pour savoir si le pays doit rester dans l’UE. Le premier ministre britannique David Cameron espère obtenir suffisamment d’engagements de la part de Bruxelles pour organiser le referendum en juin. Les sondages révèlent que le Brexit constitue une possibilité réaliste. Vice-premier ministre et président des Liberal Democrats jusqu’en mai 2015, Nick Clegg s’inquiète. Depuis sa défaite électorale, Clegg est un des députés britanniques les plus pro-européens.

D’après de nombreux sondages, les partisans du Brexit semblent partis pour gagner. Faut-il s’inquiéter ?

Nick Clegg: Les sondages ne signifient rien. Il est encore beaucoup trop tôt pour réfléchir au référendum. Les Britanniques moyens s’inquiètent au sujet de l’enseignement, des soins de santé ou de la crise de l’immobilier. Ils ne s’intéressent pas à l’UE. Ils disent n’importe quoi aux bureaux de sondage. On ne peut évaluer le scrutin dans un pays qu’à condition d’avoir une date pour le referendum, de savoir comment la question sera posée sur le bulletin de vote et pourquoi nous allons voter. Attendez qu’on soit à mi-chemin de la campagne pour tirer des conclusions.

Comment comptez-vous convaincre les électeurs britanniques hésitants à rester dans le club européen? Beaucoup de gens se demandent ce que l’EU a à leur offrir. Indépendamment de la question de la souveraineté du Royaume-Uni, l’économie britannique réalise de meilleurs résultats que la zone euro. En outre, beaucoup de Britanniques trouvent que l’euro est désespérant et que les frontières ouvertes ne fonctionnent pas à cause de la crise des réfugiés.

Ces arguments sont faciles à réfuter. Nous Britanniques, nous sommes dans une position très favorable. Comme nous ne participons ni à l’euro, ni à Schengen, mais que nous sommes au milieu du plus grand marché du monde, nous avons le meilleur des deux mondes. On serait fou de renoncer à cette position. Vraiment, c’est simple et facile à réfuter.

Quelles seraient les conséquences d’un Brexit?

Un Brexit serait particulièrement dangereux. Ceux qui prétendent que l’UE nous laissera partir sans coup férir ne savent pas de quoi ils parlent. Il est ridicule et naïf de penser qu’on pourra garder tous les avantages de l’UE. Comme si on pouvait quitter le club sans être sanctionné ! Si on décide de quitter l’Union, Bruxelles va nous compliquer la vie. Ne serait-ce que pour éviter que d’autres suivent notre exemple.

Vous pensez qu’un Brexit pourrait marquer le début de la dissolution de l’UE ?

C’est possible, oui. Les partis populistes montent partout en Europe. Le Brexit serait l’huile sur le feu des nationalistes qui disent : si le Royaume-Uni peut sortir, alors nous aussi. La dernière chose que Bruxelles souhaite, c’est que le Brexit devienne un catalyseur pour d’autres pays.

Lia Van Bekhoven

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