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Norvège : Anders Behring Breivik est-il fou?

Le tueur d’Oslo et d’Utoeya est soumis à une expertise psychiatrique. Les résultats, en novembre, détermineront s’il sera jugé ou soigné.

Anders Behring Breivik, que son avocat présente comme « dément », doit commencer à subir cette semaine une expertise psychiatrique. Les deux experts-psychiatres mandatés par le tribunal d’Oslo devront rendre leur rapport d’ici novembre. Les résultats de cette étude donneront des éléments à la justice pour trancher cette question: l’auteur du carnage du 22 juillet. Pour être jugé irresponsable de ses gestes, il faudrait selon la loi norvégienne que Anders Behring Breivik soit considéré comme souffrant d’une psychose (délire, démence, folie, paranoïa, schizophrénie…). « En plus de la psychose, il faut qu’il ‘manque de la capacité à comprendre réellement sa propre relation à la réalité’, selon l’article 44 norvégien », explique Tor Ketil Larsen, professeur en psychiatrie à l’hôpital universitaire de Stavanger.

Or le suspect a mis en place une longue et minutieuse préparation. Il a par exemple rédigé un manifeste de 1500 pages dans un anglais parfait. Il semble intelligent et conscient de ses actes. Et lors du massacre de l’île d’Utoeya, des rescapés l’ont trouvé froid, méthodique. « Il a trop gardé sa contenance pour avoir agi sous une impulsion psychotique », déclare Randi Rosenqvist, une autre expert-psychiatre auprès de la justice norvégienne, au quotidien norvégien Dagbladet.

Une rare piste qui pourrait épargner la prison à Behring Breivik est celle de la schizophrénie, selon le professeur Larsen, qui souligne que 4% des schizophrènes ont un Q.I. élevé, comme cela semble être le cas du tueur. « C’est néanmoins inhabituel et on peut faire valoir qu’on n’attend pas une planification à ce point systématique de gens qui ne sont pas pénalement responsables », note le médecin.

Les psychiatres s’accordent sur le fait qu’Anders Behring Breivik a des traits apparents d’un narcissique et d’un mégalomane convaincu qu’il mène une « mission ». « Je pense que nous sommes d’accord sur le fait qu’il a un trouble narcissique de la personnalité, et qu’il a une vision grandiose de lui-même et de sa pensée », dit Per Boerre Huseboe, psychiatre retraité des hôpitaux norvégiens et toujours actif comme expert judiciaire.

Mais comment l’éventuelle maladie mentale de Behring Breivik serait-elle alors passée inaperçue? « Il a été isolé socialement pendant longtemps et semble avoir eu peu de contacts avec sa famille et peu d’amis proches », relève Tor Ketil Larsen. « En théorie, il est possible de vivre dans la société avec une psychose pendant des années sans être détecté pour un traitement ». L’avocat relevait que le tueur vivait dans « sa bulle » depuis des années.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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