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Nigeria: plus de 50 morts dans les dernières attaques menées par Boko Haram

Le Vif

Plus de 50 personnes ont été tuées au cours des dernières 48 heures dans plusieurs attaques menées par Boko Haram dans le nord du Nigeria, à quelques jours de la fin du délai que s’était fixé le président Muhammadu Buhari pour vaincre l’insurrection du groupe islamiste.

Lundi matin, des femmes kamikazes ont perpétré deux attentats-suicide sur un marché de Madagali dans l’Etat de l’Adamawa (nord-est), a annoncé une source militaire.

« Les deux femmes kamikazes ont tué au moins 30 personnes dans deux explosions qui se sont produites sur le marché », a déclaré Maina Ularamu, ancien président du gouvernement local de Madagali.

Madagali est située près de la frontière avec l’Etat de Borno, où le groupe islamiste Boko Haram est très actif. Cette ville est régulièrement ciblée par Boko Haram dont le groupe s’était emparé en août 2014, forçant ses habitants à fuir vers d’autres villes.

L’armée nigériane a depuis repris le contrôle de Madagali après une série de victoires contre les jihadistes, regagnant du terrain dans les Etats de Borno, de l’Adawama et de Yobe, dans le nord du pays, principalement musulman.

Ce double attentat-suicide intervient quelques heures après une autre attaque menée par Boko Haram dimanche soir dans la ville-clé de Maiduguri dans le nord-est du pays, faisant 21 morts et 91 blessés.

Des combattants du groupe islamiste ont envahi Jiddari Polo, localité située dans les faubourgs de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno (nord-est), en début de soirée, ouvrant le feu et déclenchant des explosifs.

« Nous venions juste de finir la prière du soir à la mosquée quand nous avons commencé à entendre des tirs d’artillerie et des coups de feu », a déclaré un habitant, Shehu Mala.

L’armée nigériane a riposté avec des tirs d’artillerie, forçant les islamistes de Boko Haram à battre en retraite.

« Nous avons recensé un total de 21 morts et 91 blessés dans l’attaque de Boko Haram la nuit dernière » à Jiddari Polo, a déclaré lundi à l’AFP Mohammed Kanar, responsable de l’Agence de gestion des situations d’urgence (Nema) dans le nord-est du pays.

« Il y a eu plus d’une douzaine d’attentats-suicide à Maiduguri pendant la nuit », a pour sa part assuré à l’AFP Babakura Kolo, membre d’une milice d’autodéfense qui aide l’armée dans sa lutte contre le groupe islamiste.

Boko Haram a tenté à plusieurs reprises de reconquérir la ville de Maiduguri, berceau de Boko Haram régulièrement frappé par les attentats-suicides et raids meurtriers des insurgés, depuis qu’ils en ont été chassés il y a trois ans.

Multiplication des attentats

Vendredi soir, les islamistes avaient également investi le village de Kimba, dans l’Etat de Borno. Ils ont ouvert le feu sur les villageois et incendié leurs maisons, tuant au moins 14 personnes et en blessant plusieurs autres.

Ces nouvelles attaques surviennent quelques jours après que le président nigérian Muhammadu Buhari a affirmé que la guerre contre Boko Haram avait « techniquement » été gagnée, et à moins d’une semaine de la date limite du 31 décembre qu’il a lui-même fixée pour venir à bout de ce groupe jihadiste.

Buhari a été élu en début d’année sur un programme qui promettait d’écraser l’insurrection de Boko Haram lancée en 2009 dans le nord-est du Nigeria pour imposer un Etat islamique. L’ancien général s’est lui-même fixé la limite de la fin de l’année pour vaincre les jihadistes, promettant de s’investir dans l’éducation pour dissuader les jeunes de se radicaliser.

Contrairement à son prédécesseur, Goodluck Jonathan, le président Buhari a réussi à reprendre des territoires à Boko Haram. Le pays a également vu une diminution du nombre de raids meurtriers qui ont décimé des villes et des villages.

En réponse, les jihadistes ont multiplié les attentats-suicides – dont nombre sont menés par des jeunes, parfois des filles et fillettes.

Dernièrement, Boko Haram a commis des attentats-suicides dans les pays voisins comme le Cameroun, le Tchad et le Niger, soulevant les craintes que le groupe extrémiste soit en train de gagner du terrain en dehors du Nigeria.

La rébellion et sa répression féroce par les forces de sécurité ont fait 17.000 morts et 2,6 millions de déplacés depuis 2009.

Selon l’Index mondial du terrorisme, un rapport publié par l’Institute for Economics and Peace basé à New York, Boko Haram « est devenu l’organisation terroriste la plus meurtrière au monde ».

Les insurgés ont détruit de larges pans des maigres infrastructures qui existaient dans la partie nord pauvre du pays alors que la chute du prix du pétrole a vidé les caisses de l’Etat au Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique et pays le plus peuplé du continent.

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