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Nigéria : l’opposition condamne les émeutes

Le chef de l’Etat Goodluck Jonathan, sorti vainqueur des élections, tend ce mardi la main à ses rivaux, tandis que des émeutes se sont déclarées à la suite du scrutin.

Le chef de l’Etat sortant du Nigeria, Goodluck Jonathan, a été proclamé lundi vainqueur de l’élection présidentielle secouée par des émeutes dans le nord à dominante musulmane, où des violences ont fait plus de 360 blessés selon la Croix-Rouge. Des morts ont aussi été « signalés » par les forces de sécurité.

Ce mardi, l’opposant Muhammadu Buhari a condamné les violences. « Mon parti et moi, nous nous dissocions de ces événements. J’ai contesté les élections en 2003 et en 2007 mais je n’ai jamais eu recours à la violence. Je n’ai pas de raison de le faire cette fois-ci. J’appelle le peuple à rester calme et à respecter la loi », a-t-il déclaré.

« Les Nigérians capables d’organiser des élections libres »

Ce lundi, Jonathan a déclaré après l’annonce des résultats que les Nigérians avaient « montré au monde qu’ils étaient capables d’organiser des élections libres, honnêtes et crédibles ». Le vainqueur du scrutin a par ailleurs tendu la main à ses rivaux dont il a dit qu’il les considérait comme « non pas des opposants, mais des partenaires ».

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a salué ce lundi la victoire de Jonathan. La présidentielle « apparait comme la plus crédible depuis la fin du régime militaire en 1999 », a-t-il ajouté.

Les résultats des 36 Etats de la fédération nigériane, auxquels s’ajoutent ceux de la capitale fédérale Abuja, donnent 22 millions de voix au président sortant contre 12 millions au deuxième candidat, un ancien chef de junte militaire, Muhammadu Buhari, selon la Commission électorale nationale. Jonathan a également remporté plus de 25% des suffrages dans plus de deux tiers des 36 Etats, une condition nécessaire pour être déclaré vainqueur dès le premier tour.

362 blessés et 15 000 déplacés après des émeutes post-électorales

La victoire de Jonathan Goodluck, un chrétien du sud, a néanmoins provoqué des émeutes dans le nord musulman. « Des morts ont été signalés », notamment à Kano et dans l’Etat voisin de Kaduna, a affirmé un responsable de la sécurité, Yushau Shuaib, sans pouvoir donner un bilan plus précis des victimes.

Ce mardi, la Croix-Rouge faisait état de 362 blessés par balles ou par machettes, avant d’ajouter qu’elle n’était pas en mesure de préciser le nombre de morts. L’organisation observait ce mardi le retour à « un calme relatif ». Aucun bilan officiel des victimes n’était disponible.

La police a quant à elle dit avoir arrêté des dizaines de personnes, affirmant que les troubles étaient liés au mécontentement de certains après le résultat de la présidentielle, mais n’étaient « ni ethniques ni religieux ».

Les premières violences avaient éclaté dimanche dernier. Ce lundi, elles faisaient toujours rage, dans un pays marqué par de profondes divisions régionales et communautaires. Des violences ont notamment été signalées dans la ville de Zaria (nord), Sokoto (nord), Jos (centre), et Postiskum (nord-est), où des témoins ont rapporté que la foule avait tenté d’immoler une chrétienne en lui passant un pneu enflammé autour du cou mais qu’elle avait été sauvée par des habitants.

Accusations de fraudes


Le principal parti d’opposition, le Congrès pour le changement démocratique dont Muhammadu Buhari était le candidat, a officiellement contesté pour irrégularités le résultat de la présidentielle. Ces accusations figurent dans une plainte envoyée à la Commission électorale, a déclaré le président du parti, Tony Momoh.

Si dans l’ensemble, les observateurs ont jugé le scrutin de samedi plus honnête que les précédents, des résultats anormalement élevés en faveur de Goodluck Jonathan dans ses bastions du sud ont semé le doute: l’Etat d’Akwa Ibom lui a donné 95% des voix et celui de Bayelsa, son Etat natal, 99,63%.

Le scrutin a confirmé une division nette entre le sud chrétien pro-Jonathan et le nord musulman pro-Buhari où beaucoup comptaient sur une victoire de ce candidat de 69 ans pour relancer une région économiquement marginalisé par le riche sud pétrolier du pays le plus peuplé d’Afrique.

Goodluck Jonathan, 53 ans, était le candidat du Parti démocratique du peuple (PDP) qui a remporté dès le premier tour toutes les présidentielles depuis la fin des régimes militaires en 1999.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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