Gérald Papy

Nicolas, François, Emmanuel et les autres…

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

L’élection présidentielle française de mai 2017 s’annonce définitivement exceptionnelle. La démission, le 30 août, du ministre de l’Economie Emmanuel Macron ajoute une ambition personnelle au bal des ego de la course à l’Elysée.

Sauf surprise sous forme de reculade par rapport à tous les jalons posés ces derniers mois, le golden boy de la politique française, passé par la banque Rothschild et atterri dans un gouvernement socialiste sans être socialiste, devrait se lancer dans la course face à un éventail inédit et éclaté de personnalités fortes. Aux Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy et François Hollande, réchappés de l’écrémage des primaires des Républicains et du Parti socialiste, s’ajouteront Marine Le Pen, le cas échéant François Bayrou, Emmanuel Macron, potentiellement Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon, sans compter les Nicolas Dupont-Aignan et autres Cécile Duflot…

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En soi, cette perspective peut apparaître comme un signe de vitalité de la grande démocratie française. Mais elle peut aussi signifier l’amorce de sa déchéance provisoire. N’est-ce pas le remake annoncé du duel de 2012 entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, les deux derniers chefs de l’Etat en exercice, et donc l’absence de renouvellement de l’élite politique et l’usure des partis traditionnels, qui donnent aujourd’hui des ailes à un Emmanuel Macron apartisan ?

La dispersion des candidatures à la mère de toutes les élections nous parle aussi de l’état de la France. Excessif et en grande partie stérile, le débat estival sur l’interdiction ou non du burkini sur les plages a révélé au grand jour que les questions de l’identité et de la place de l’islam dans la société transcendent les clivages politiques traditionnels et, surtout, divisent le coeur même des grandes formations politiques. A droite, entre Alain Juppé  » le sage  » et Nicolas Sarkozy  » l’excité « . A gauche, entre un Manuel Valls incroyablement léger et imprudent et un ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve gardien du respect de la Constitution.

En regard de l’hystérie presque systématique que provoquent les dossiers identitaires chez nos voisins, on ne peut que s’étonner de la sérénité qui les régit dans une Belgique pourtant structurellement autrement plus complexe. Effet circonstanciel sans doute sous un gouvernement qui s’est juré de respecter une pause communautaire. Mais pas seulement. La fragilité de l’identité belge contribue à relativiser les coups de boutoir réels ou fantasmés qui lui seraient portés. Or, surprise, cet aveu de faiblesse aux yeux de beaucoup est perçu comme un signe de modernité par un politologue… français de l’UCL.  » La manière dont ce pays voit l’identité est clairement en avance sur son temps « , nous enseigne Vincent Laborderie dans le dossier que nous consacrons à ce qu’est être Belge en 2016. Le Belge n’est jamais si bien valorisé que par un regard extérieur.

On peut compter sur Nicolas Sarkozy, la campagne présidentielle française aura, parmi ses thématiques principales, la question de l’identité nationale. De façon plus ou moins intense et durable, selon les résultats des primaires chez les Républicains et l’émergence pour le combat final d’un ex-Premier ministre ou d’un ancien président. Incontestablement, une étape cruciale de la présidentielle se jouera donc fin novembre. Mais en toute hypothèse, il est inquiétant d’observer que la cohésion nationale de la patrie des droits de l’homme puisse être à la merci de la quête jamais inassouvie de pouvoir d’un ambitieux, Nicolas Sarkozy.

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