Stanley Patz, père d'Etan Patz © REUTERS

New York: une mystérieuse affaire de disparition d’enfant résolue, 37 ans plus tard

Le Vif

« On avait vraiment peur de se tromper »: après 37 ans d’enquête et deux procès, un jury populaire américain s’est finalement mis d’accord en désignant un meurtrier dans l’une des plus mystérieuses et traumatisantes affaires de disparition d’enfant que l’Amérique ait connue.

Après neuf jours de délibérations, les jurés du second procès ont finalement désigné Pedro Hernandez, 56 ans aujourd’hui –18 ans à l’époque des faits– coupable de l’enlèvement et du meurtre du petit Etan Patz, a indiqué un greffier du tribunal de l’Etat de New York. Ils l’ont cependant jugé non coupable de meurtre avec préméditation.

Pedro Hernandez, qui doit être condamné le 28 février, risque la prison à perpétuité.

C’était le 25 mai 1979: Etan Patz, 6 ans, allait seul pour la première fois prendre le car scolaire à deux pâtés de maisons de chez lui, dans le quartier de Soho à Manhattan, quand il a disparu, terrorisant une génération entière de parents américains, qui ne laisseraient plus jamais leurs enfants courir les rues.

M. Hernandez travaillait dans une épicerie près de l’arrêt de bus et avait fait des aveux à la police en 2012, même si ces aveux ont été contestés par la défense.

Le visage du garçonnet sera placardé partout, y compris pour la première fois sur toutes les boites de lait vendues aux Etats-Unis, un Centre des enfants disparus créé, qui deviendra international. En vain.

« La famille Patz a attendu longtemps mais nous avons finalement obtenu une part de justice pour notre formidable petit garçon, Etan », a déclaré, visiblement épuisé mais soulagé, son père Stanley Patz, après avoir assisté à la quasi-totalité de ce second procès.

« Je suis vraiment reconnaissant que ce jury soit finalement arrivé à la conclusion que je connaissais depuis longtemps: que cet homme, Pedro Hernandez, est coupable d’avoir fait quelque chose de vraiment terrible il y a des années », a-t-il ajouté, en remerciant le bureau du procureur d’avoir fait « un travail si exhaustif que le seul verdict possible était celui de coupable ».

L’affaire était particulièrement délicate à prouver pour l’accusation, et à trancher pour les jurés: car malgré des années d’enquêtes et des photos d’Etan diffusées dans tout le pays, rien n’a jamais été retrouvé du petit garçon, ni son corps, ni aucune de ses affaires, ni aucun témoin.

En l’absence de toute preuve physique, il n’a été déclaré officiellement mort qu’en 2001, soit 22 ans après sa disparition.

Une décision difficile

Un premier procès de quatre mois s’est terminé par une annulation en mai 2015. Après trois semaines de délibérations, l’unanimité requise s’était avérée impossible, l’un des 12 jurés refusant de suivre ses pairs et de déclarer coupable M. Hernandez.

Preuve de la passion soulevée par l’affaire, beaucoup des douze jurés du premier procès sont venus assister au second procès. Certains ont même fourni des conseils aux procureurs.

Lors des audiences de ce second procès qui se sont achevées fin janvier, l’accusation a de nouveau mis en avant les aveux de M. Hernandez à la police.

Dans sa confession, il avait déclaré avoir attiré l’enfant dans le sous-sol de l’épicerie, l’avoir étranglé, puis mis son corps dans un sac plastique, le sac dans un carton, avant de jeter le tout dans une poubelle à proximité.

Mais la défense, représentée par l’avocat Harvey Fishbein, a réaffirmé de son côté que ces aveux lui avaient été soutirés de force par la police et que les confessions qu’il avait faites par ailleurs à des amis étaient trop vieilles et trop vagues pour être valables.

Les avocats de M. Hernandez ont aussi invoqué, force témoignages de docteurs à l’appui, des troubles de la personnalité qui lui feraient confondre fiction et réalité.

Mais après avoir demandé mardi matin à réécouter l’enregistrement des aveux du suspect, les jurés ont fini par trancher en faveur de l’accusation même si la décision a visiblement été difficile pour certains.

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