Le camp monté par B-Fast ce jeudi matin à Gorkha. © BELGA/Benoît Doppagne

Népal: B-Fast rentre en Belgique avant même d’avoir entamé sa mission

L’équipe B-Fast au Népal a décidé de se retirer, a indiqué son dirigeant Gilles Du Bois D’Aische jeudi en fin de journée. Le retour en Belgique prendra toutefois quelques jours.

En consultation avec les autorités compétentes à Bruxelles, l’équipe belge de sauvetage B-Fast a décidé de se retirer du Népal. Malgré de nombreux signaux allant dans l’autre sens, les autorités népalaises ont estimé qu’elles n’avaient plus besoin du type d’aide offert par B-Fast. L’équipe n’est donc finalement jamais entrée en action.

« L’objectif de la mission « search and rescue » doit être adapté pour devenir une mission humanitaire, avec livraison de tentes, de nourriture ou encore de matériel médical », a dû indiquer jeudi soir le chef de mission, Gilles du Bois d’Aische, à son équipe. « Ce n’est pas notre travail. En concertation avec Bruxelles, il a donc été décidé de rentrer au pays. »

Jeudi, l’équipe a tenu plusieurs réunions avec les autorités locales, les Belges voulant mettre en avant l’apport potentiel de B-Fast, à savoir de l’assistance médicale ou encore la reconstruction d’infrastructures cruciales.

« A notre grande surprise, nos propositions n’ont pas été retenues », déplore le major du Bois d’Aische. « C’est dommage, mais nous ne sommes qu’un service gouvernemental qui offre ses services à un autre gouvernement. »

L’équipe a par exemple voulu vérifier l’état des hélicoptères, ce qui leur a été refusé. « Nous avons eu l’impression d’être victimes de manoeuvres de ralentissement », déplore Rik Telamon, des services de sauvetage. « Nous avons offert toute l’aide possible, mais finalement il nous a été carrément dit que cette phase du travail était terminée. »

Les membres de B-Fast ne peuvent que spéculer sur les raisons de ce rejet. Les autorités veulent-elles contredire l’affirmation selon laquelle la situation leur échappe? « On passe plus rapidement que d’habitude au volet humanitaire, soit à la livraison de tentes, de vivres ou d’autre matériel », note Gilles du Bois d’Aische.

N’aurait-il pas été préférable d’envoyer sur place un hôpital de campagne? « Nous avons envoyé ce que le Népal a demandé », répond-il. « Dès le premier rendez-vous à Katmandou, nous avons senti qu’il n’y avait peut-être pas tant besoin de « recherche et sauvetage en milieu urbain ». Mais en Belgique, nous avons composé avec les informations disponibles. »

Le chef de la mission ne veut pas parler d’un échec de la mission. Son équipe a fait ce qu’elle a pu pour arriver sur place le plus rapidement possible et est restée motivée malgré les obstacles. Jusqu’au bout, la direction a tenté de passer à l’action. Voir le soufflé retomber est donc amer pour l’équipe.

La date de retour des sauveteurs n’est pas encore connue. Le transport sera géré depuis Bruxelles dans les prochains jours. L’équipe espère obtenir un avion C-130 qui pourra plus facilement atterrir sur la petite piste de Pokhara, permettant d’éviter l’aéroport surchargé de Katmandou.

Dirk Van der Maelen (sp.a) s’interroge sur l’absence d’un hôpital de campagne dans B-Fast

Le député sp.a Dirk Van der Maelen s’interroge sur la décision politique qui n’a pas permis d’équiper l’équipe B-Fast d’un hôpital de campagne, pour la mission de sauvetage au Népal interrompue jeudi en fin de journée.

Des experts avaient suggéré d’emporter un tel hôpital de campagne, mais la décision politique n’a pas suivi, a affirmé le député à l’agence Belga.

A ses yeux, aucune faute ne doit être reprochée à l’équipe B-Fast. A l’inverse, le député d’opposition s’interroge sur les responsabilités politiques. Il questionnera à ce sujet le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders.

« C’est malheureux pour les Népalais à qui l’on n’a pas pu offrir une aide, et c’est regrettable pour nous aussi, parce que l’argent du contribuable belge n’a pas été bien utilisé », a commenté M. Van der Maelen. « La mission à Tahiti avait coûté en son temps de 150.000 à 200.000 euros. Cette mission-ci doit être du même ordre de grandeur », selon lui.

En outre, quatre Belges manquent toujours à l’appel

Quatre Belges manquent encore à l’appel au Népal, a indiqué jeudi le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, en réponse à plusieurs questions à la Chambre.

Mercredi soir, les Affaires étrangères étaient encore sans nouvelles de sept ressortissants. Jeudi, ce nombre était réduit à quatre. Le Centre de crise restera ouvert jusqu’à ce qu’ils aient pu être localisés. Une partie des Belges sur place a déjà pu être évacuée mardi dans l’Airbus envoyé par la Défense.

La Belgique a déployé une équipe de B-Fast composée de 42 personnes pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre. Outre des tâches de détection et de sauvetage, l’équipe a également une expertise en termes de télécommunications, de réhabilitation des infrastructures indispensables et une capacité d’assistance médicale. Elle restera sur place pendant 10 jours.

Le gouvernement belge a pris la décision d’envoyer une telle équipe « sur demande du Népal », a précisé le ministre qui a salué l’action des acteurs de B-Fast.

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