© Capture d'écran du Sun

Nazi retrouvé à Budapest: quel rôle a joué le Sun?

La trace de Laszlo Csatary, accusé de complicité dans la mort de 15 700 juifs pendant la Deuxième guerre mondiale, a été retrouvée par des journalistes du tabloïd britannique. Dans quelles conditions?

Laszlo Csatary, l’un des derniers nazis encore en vie, a été retrouvé à son domicile à Budapest. Accusé de complicité dans la mort de 15 700 juifs pendant la Deuxième guerre mondiale, il aurait été arrêté grâce à des journalistes du tabloïd britannique The Sun.
Retrouvé par les journalistes du Sun…

Dimanche, sur son site Internet, The Sun annonce que le criminel de guerre Laszlo Csatary « a été identifié et retrouvé » à Budapest, en Hongrie, son pays d’origine. Le tabloïd britannique s’attribue le mérite de cette traque et explique que ses journalistes se sont rendus au domicile du criminel nazi et ont pu confirmer son identité.

Comment s’est passée la confrontation?

Csatary, 97 ans, ouvre la porte de son domicile aux enquêteurs du Sun en caleçon et chaussettes (voir la photo ici). C’est en anglais, et avec un fort accent canadien – il a vécu de nombreuses années là-bas – qu’il répond à leurs questions: « Je n’ai rien fait, partez d’ici! » lance-t-il avant de leur claquer la porte au nez.
Ce jour-là, les journalistes ont surveillé ardemment le criminel nazi. Une filature racontée en détail sur le site du Sun. Vêtu d’un pantalon kaki, d’une chemise et d’une veste, Csatary achète la presse (de droite) avant de passer deux heures en compagnie d’une femme rousse et de faire des courses. Puis il rejoint l’appartement qu’il occupe depuis quelques semaines seulement. Sur sa sonnette est inscrit le nom « Smith ». Mais derrière une porte sécurisée, sur sa boîte aux lettres, on peut lire: « Smith L. Csatary ».

… et au Centre Simon-Wiersenthal

The Sun confie avoir commencé à chercher Csatary lorsque le Centre Simon-Wiersenthal – association qui doit son nom au célèbre « chasseur de nazis » – a lancé, il y a trois mois, « l’opération de la dernière chance » visant à faire juger les derniers criminels nazis encore en vie.
« Le quotidien britannique Sun a pu le photographier et le filmer grâce à des informations que nous avions fournies en septembre 2011 », explique le directeur de l’ONG, Efraïm Zuroff (lire son portrait). « Il y a dix mois, un informateur nous a donné des renseignements nous ayant permis de localiser Laszlo Csatary à Budapest. Cet informateur a reçu la prime de 25 000 dollars », ajoute-t-il.
Dans son article mis en ligne dimanche, le Sun confirme avoir pu remonter la trace de Csatary grâce aux détails donnés par l’association.
Ce n’est pas la première fois qu’une telle collaboration est mise en place. D’après l’association, « c’est la quatrième fois que le Sun collabore avec nous pour faire pression sur des autorités qui traînent des pieds pour retrouver des nazis ».

Quel sort judiciaire pour Csatary?

Ces informations sur la localisation de Lazslo Castary auraient été transmises, selon Efraïm Zuroff, au parquet de Budapest dès septembre 2011. Sans aucune réaction. Le Procureur adjoint de la République à Budapest n’a pas confirmé ces dires se bornant à répéter: « Une enquête est en cours. Le Parquet étudie les informations reçues ».

Serge Klarsfeld, « chasseur de nazis » français, n’est pas « sûr qu’il y aura des suites judiciaires avec [le] gouvernement conservateur » au pouvoir en Hongrie. Mais ajoute-t-il, Castary « n’avait pas de grandes responsabilités, ce devait être un comparse ». S’il est considéré comme le criminel « le plus recherché » c’est parce qu' »il n’en reste aujourd’hui que peu en fuite », et qu’ils sont « tous âgés de plus de 90 ans ». Et de conclure, au micro d’Europe 1: « Il y a 30 ans, il aurait été le 3500e sur la liste ».

Par Julie Saulnier

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