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Naufrage en Italie : le bilan passe à 11 morts

Les plongeurs des garde-côtes ont découvert cinq nouveaux corps dans l’épave du Costa Concordia, portant le bilan de la catastrophe à au moins 11 morts.

Depuis ce matin, les secouristes ont accéléré leurs recherches désespérées pour retrouver les disparus du naufrage en utilisant même des micro-charges explosives pour se frayer des passages dans l’épave.

Les corps, dont la découverte porte le bilan de la catastrophe à au moins 11 morts, se trouvaient à l’arrière dans la partie immergée de la poupe du Concordia, a précisé aux journalistes Cristiano Pellegrini, qui n’était pas en mesure de préciser s’il s’agissait de membres d’équipages ou de passagers, ni s’il y avait parmi eux une fillette de 5 ans, encore recherchée.

Selon le préfet de Grosseto, Giuseppe Linardi, le nombre des disparus pourrait redescendre, certains qui figurent sur la liste pouvant avoir quitté l’île sans se signaler aux autorités.

Trouver d’éventuels survivants paraît cependant désormais improbable. Selon un spécialiste de la protection civile du Giglio, avec la température glaciale de l’eau, il est impossible de survivre très longtemps, même en étant dans une poche d’air.

Mais le commandant Marini ne perd pas espoir : « S’ils ont trouvé une poche d’air dans une cabine et quelque chose pour se réchauffer, manger, il est possible de survivre ».

Les plongeurs utilisent désormais des micros-charges explosives. « Munis de plans du navire, ils se déplacent pour mettre les charges afin d’ouvrir des passages permettant de passer plus rapidement », explique le commandant Marini.

Des charges de plus en plus lourdes sur le commandant Les charges qui pèsent sur le commandant de bord, Francesco Schettino, sont écrasantes. Détenu depuis samedi pour homicides multiples et abandon du navire, il doit être entendu dans la matinée par le parquet de Grosseto.

L’enregistrement d’une de ses conversations avec la capitainerie du port au moment de la catastrophe est accablant. Il fait d’abord croire à son interlocuteur qu’il est à bord alors qu’il a déjà quitté le navire puis refuse de remonter.

« Commandant, c’est un ordre, c’est moi qui commande maintenant, vous devez aller à la proue, remonter à bord et coordonner les secours », intime un officier de la capitainerie à M. Schettino, selon une retranscription diffusée par l’agence Ansa.

Le commandant a également tardé à donner l’alerte et surtout ordonner l’évacuation, déclenchant selon l’enquête des garde-côtes, une « mini-mutinerie » de l’équipage qui a démarré les opérations d’évacuation sans que le commandant ait formellement décrété « l’abandon du navire ».

Alors que le navire penchait et était plongé dans l’obscurité, ils ont commencé à préparer les chaloupes sans attendre les consignes de leur chef.

Enfin, le capitaine est accusé, par sa propre compagnie, d’avoir lui-même dévié la trajectoire du bateau, pour, selon de nombreux témoignages, effectuer une parade, tous phares allumés à proximité de l’île.

Placé sous surveillance spéciale, il est « accablé par les pertes humaines et fortement perturbé par ce qui s’est passé », a dit son avocat Me Bruno Leporatti, qui lui a rendu visite lundi. Mais il estime avoir « conservé la lucidité nécessaire » pour faire s’échouer le navire près de la rive, « sauvant la vie de nombreuses personnes ».

Risque d’une catastrophe écologique

Outre la tragédie humaine, les autorités italiennes redoutent un « désastre écologique » si le carburant (du gazole dense et lourd) contenu dans le bateau se déversait dans la mer. Le ministre de l’Environnement Corrado Clini estime le risque de marée noire « élevé ».

Pour le commandant Marini, « il n’y a pas de danger pour l’environnement », même s’il confirme qu’une plaque luisante sur la mer a été aperçue dont on ne connaît pas l’origine. « Nous avons posé une ceinture de bouées pour contenir d’éventuelles fuites de carburant léger », a-t-il dit.

La société Smit Salvage, filiale du groupe de dragage et d’aménagement portuaire Royal Boskalis Westminster, a été chargée par Costa Concordia de pomper les quelque 2.400 tonnes de carburant. Une vingtaine d’employés de la société sont déjà sur l’île du Giglio.

Le pompage du carburant devrait prendre « au moins trois semaines », a averti le directeur exécutif de Royal Boskalis.

Le ministre Clini a déclaré sur la chaîne Canale 5 avoir demandé à Costa Crociere de « fournir d’ici demain un plan de travail pour le vidage des réservoirs et d’ici dix jours un autre pour renflouer le navire ».

Il a confirmé le risque que l’épave glisse vers les profondeurs. Cela peut arriver, a-t-il dit, sans abîmer les réservoirs, et le pompage serait alors possible en profondeur. Mais le vrai danger, a-t-il expliqué, est que les réservoirs se brisent.

Le scénario le plus favorable serait de colmater le plus vite possible les brèches, soulever le bateau jusqu’à ce qu’il soit à flot, puis le tirer avec des remorqueurs. « Mais à l’heure actuelle nous ne sommes pas en mesure de dire si cette option est praticable », a-t-il dit.

Le Concordia qui transportait 4.229 personnes, quelque 3.200 touristes et un millier de membres d’équipage, a fait naufrage vendredi soir après avoir heurté un rocher près de l’île du Giglio, en Toscane (centre ouest).

Le gouvernement entend décréter l’état de catastrophe naturelle sur la zone pour mobiliser un maximum de ressources financières et humaines afin d’éviter une pollution du parc naturel entourant l’île.

L’Organisation maritime internationale (OMI), qui dépend de l’ONU, a estimé qu’il fallait « si nécessaire » revoir les règles de sécurité sur les grands navires de passagers. Elle a annulé lundi des commémorations pour le centenaire du naufrage du Titanic en avril 1912.

Le Vif.be, avec Belga

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