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Mutinerie en RDC: « des inciviques manipulés par des forces obscures »

La mutinerie dans l’est de la République démocratique du Congo, que le Rwanda est accusé de soutenir, est l’oeuvre d' »inciviques manipulés par des forces obscures nationales et étrangères », a déclaré le président congolais Joseph Kabila à la télévision nationale.

La date anniversaire de l’indépendance de l’ex-Congo belge, le 30 juin 1960, « donne généralement lieu à des réjouissances populaires. Tel ne pourra pas cependant être le cas cette année, car des inciviques manipulés par des forces obscures nationales et étrangères ont plongé une fois de plus la province du Nord-Kivu dans le sang, forçant de nouveau des milliers de nos concitoyens à l’errance et les replongeant dans la précarité », a affirmé M. Kabila dans un court discours radio-télévisé.

« En ma qualité de garant de la Nation, je leur dis que leur sécurité n’a pas de prix, qu’elle demeure la priorité de nos priorités, et que, quoiqu’il arrive, quoiqu’il en coûte, unis et déterminés nous défendrons notre pays et nous en ferons un havre de paix », a-t-il ajouté. « Les actions militaires, politiques et diplomatiques en cours seront poursuivies », a assuré M. Kabila en appelant « à la vigilance et au patriotisme de tous ».

A aucun moment M. Kabila n’a cité le Rwanda, pourtant accusé jeudi par le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga, à la suite de rapports de l’ONU et d’ONG, de soutenir la mutinerie du Mouvement du 23 mars (M23), constituée d’ex-rebelles qui affrontent l’armée congolaise depuis mai dans une partie du Nord-Kivu (est), frontalière avec le Rwanda et l’Ouganda.

Des experts de l’ONU ont affirmé dans un récent rapport que des hauts gradés de l’armée rwandaise, « dans l’exercice de leurs fonctions officielles », ont apporté une « aide directe » à la création du M23, en fournissant aux mutins « des armes, du ravitaillement militaire et de nouvelles recrues ».

Parmi les noms cités par ces experts figurent ceux du ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe, du chef d’état-major des armées, le général Charles Kayonga, et aussi du général Jack Nziza, secrétaire permanent du ministre de la Défense et ancien patron du DMI (Department of Military Intelligence), les services de renseignements militaires.

Kigali, qui a toujours nié tout soutien à la mutinerie, a rejeté ce rapport par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, qui l’a qualifié de « document préliminaire partial fondé sur des conclusions partielles » qui « doit encore être vérifié ».

M. Kabila a rendu « un hommage mérité » aux forces de défense et de sécurité « pour leur bravoure et pour le sacrifice qu’elles consentent afin de mettre hors d’état de nuire des ennemis de notre pays ». « Les troubles actuels (…) et les obstacles qu’on ne cesse de dresser sur notre chemin ne nous détourneront pas de nos obligations, encore moins de l’objectif majeur que vous et moi nous nous sommes fixés, celui de l’émergence du Congo », a-t-il conclu.

Les mutins sont des ex-membres de la rébellion tutsie congolaise du Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP du général Laurent Nkunda), intégrés dans l’armée congolaise dans le cadre d’un accord de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009, dont ils réclament la pleine application. Le CNDP était soutenu par le Rwanda. Jeudi, M. Mende avait « exigé » que « les autorités rwandaises arrêtent, cessent de laisser leurs officiers continuer à alimenter la guerre au Congo ».

Peu avant, Kigali avait accusé la RDC de relancer la coopération entre son armée et les rebelles hutus des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), actifs dans l’est de la RDC, en vue de lancer des attaques contre le Rwanda. Kinshasa avait démenti. Certains membres des FDLR sont soupçonnés de participation au génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994.

Avec Belga.

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