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« Montagne tueuse »: l’incroyable sauvetage d’une alpiniste française

Muriel Lefevre

Elisabeth Revol a été secourue lors d’un sauvetage épique mené de nuit sur le Nanga Parbat. Située dans l’Himalaya, on la surnomme la « montagne tueuse ». Pour survivre, la Française a dû abandonner son coéquipier mourant.

La Française Elisabeth Revol a pu être sauvée grâce à une expédition périlleuse lancée sur le Nanga Parbat dans la partie pakistanaise de l’Himalaya, surnommée la « montagne tueuse ».

Elle venait de réussir la seconde ascension hivernale du Nanga Parbat qui est réputé pour sa difficulté technique. La première alerte est lancée jeudi dernier alors qu’elle est en train de redescendre. Elle et son acolyte polonais Tomek Mackiewicz sont en difficulté à 7 450 mètres. C’est surtout Tomek qui est fort affaibli. Ils parviennent à redescendre à 7 280 mètres mais Mackiewicz va de plus en plus mal. Il semble être au stade ultime du mal des montagnes. Il n’a pas d’espoir et elle ne peut rien faire pour le sauver. La jeune femme est contrainte de l’abandonner si elle veut s’en sortir. Elle se lance sans tente et sans nourriture dans le fol espoir de survivre. Au matin, elle renvoie un message . On est samedi, elle est vivante, lucide, mais souffre de gelures sévères. Elle continue à descendre.

Pour la sauver, une opération d’urgence est mise en place. Deux ténors de l’alpinisme, Denis Urubko et Adam Bielicki sont envoyés par hélicoptère aussi haut que possible.

La montagne tueuse

Les sauveteurs ont été acheminés pour cette mission de sauvetage par voie aérienne par l’armée pakistanaise depuis le camp de base du K2, deuxième plus haut sommet du monde derrière l’Everest mais souvent considéré comme plus complexe à gravir que ce dernier. Neuvième plus haut sommet du monde, le Nanga Parbat (8.125 mètres), dans le nord-est du Pakistan, a été surnommé la « montagne tueuse » car plus de 30 alpinistes y ont trouvé la mort avant qu’il soit vaincu pour la première fois, en 1953. Un Espagnol et un Argentin ont disparu en juin en grimpant le Nanga Parbat, dont le nom signifie « montagne nue ». L’Italien Simone Moro, l’Espagnol Alex Txikon et le Pakistanais Ali Sadpara avait réalisé en février 2016 la première ascension hivernale de cette montagne. Le camp de base du Nanga Parbat avait en 2013 été la cible d’une attaque des talibans pakistanais qui y avaient tué dix alpinistes étrangers.

Une ascension sans précédent dans l’histoire de l’alpinisme

Ils vont ensuite se lancer dans une ascension spectaculaire pour rejoindre Elisabeth. L’alpiniste pakistanais Karim Shah, qui est en contact avec les membres de cette expédition, a affirmé que ce sauvetage était sans précédent dans l’histoire de l’alpinisme. Les sauveteurs ont gravi sans corde fixe et de nuit 1.200 mètres par une route très difficile. Dimanche à 2 heures du matin, ils rejoignent Elisabeth. « Personne n’avait auparavant fait une telle ascension », a-t-il expliqué à l’AFP. « La plupart des gens mettent deux ou trois jours pour le faire et ils ont mis huit heures dans l’obscurité. »

« Les grimpeurs du K2 qui ont stoppé leurs efforts historiques pour réaliser l’ascension hivernale du K2 vont redescendre avec Elisabeth Revol. Une vie sauvée », a déclaré dimanche dans un communiqué Karar Haideri, porte-parole du Club alpin du Pakistan.

L’équipe est en train d’être évacuée par hélicoptère après une descente de cinq heures et demi dimanche matin de la montagne jusqu’au Camp Un du Nanga Parbat, d’où ils doivent être emmenés à l’hôpital de Skardu, ville de la région de Gilgit-Baltistan.

‘Une tragédie’

Elisabeth Revol et Tomek Mackiewicz avaient été aperçus vendredi à l’aide de jumelles par d’autres alpinistes depuis le camp de base. Un responsable de l’armée pakistanaise avait affirmé samedi à l’AFP que le sauvetage serait « difficile » pour Tomek Mackiewicz (43 ans), qui se trouverait à un point « très haut ». Les opérations sont compliquées par le mauvais temps, avait souligné M. Haideri.

Le sauvetage de Tomek n’est « malheureusement pas possible, parce que le temps et l’altitude mettraient en danger la vie des sauveteurs », a déclaré un ami d’Elisabeth Revol, Ludovic Giambiasi, sur Facebook. « C’est une décision terrible et douloureuse. Nous sommes profondément tristes », a-t-il ajouté.

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