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Migrants : « L’Europe est dans une situation d’urgence permanente »

Le Vif

Spécialiste de la circulation des personnes en Europe, l’Italien Ettore Recchi relativise la poussée actuelle et ses effets.

En 2014, 626 000 demandes d’asile ont été enregistrées dans l’Union européenne, soit 44 % de plus par rapport à 2013. Ettore Recchi, professeur à Sciences po Paris et spécialiste des migrations en Europe, décrypte les conséquences possibles de cette situation. Extraits de l’interview publiée dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

Le vif.be : Face à l’ampleur des vagues actuelles de réfugiés, l’Europe se retrouve-t-elle dans une situation inédite ?

Ettore Recchi : Non. En vérité, l’Europe est dans une situation d’urgence permanente. Chaque printemps, depuis quelques années, nous voyons se reproduire une situation identique aux mêmes endroits et aux mêmes moments, et nous faisons preuve de myopie en négligeant les questions structurelles derrière la force des images. Nous vivons dans un continent relativement aisé et pacifié, alors qu’une partie de l’Afrique fait face à des conditions désespérées. Ces courants migratoires sont donc naturels.

Mais l’année 2014 voit bondir de 44 % le nombre des demandes d’asile dans l’Union européenne par rapport à 2013 !

Cela correspond à une circonstance particulière : l’effondrement du régime libyen. Jusqu’à la chute de Kadhafi, les Européens payaient rubis sur l’ongle le contrôle à distance de cette frontière. Ce n’est plus le cas.

Les opinions publiques en Europe ne sont-elles pas proches d’un  » seuil de tolérance  » dans?la capacité d’accueil de populations extra-européennes ?

La conjonction de la poussée migratoire actuelle et de la situation économique difficile dans le sud de l’Europe est défavorable et explique la stigmatisation qui frappe les derniers arrivés. C’est un mécanisme de marginalisation somme toute assez classique.

Un accord européen peut-il être trouvé sur les quotas ?

Moins on parle de ces questions, plus on les résout facilement. C’est lorsque les médias détournent leurs projecteurs que l’on parvient à une solution.

Entretien : Jean-Michel Demetz

Lire l’intégralité de l’interview d’Ettore Recchi dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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