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Michel Neyret, flic à l’ancienne ou nouveau truand ?

Le numéro 2 de la PJ de Lyon a passé sa deuxième nuit en prison, après sa mise en examen. Il est accusé de corruption et de trafic de stupéfiants. Le point sur l’enquête.

Pourquoi Michel Neyret a-t-il été arrêté?

A force de côtoyer des voyous, Michel Neyret, le flic star de la PJ de Lyon, serait-il passé de l’autre côté? Il a été interpellé jeudi matin à l’aube. Il est soupçonné de corruption et de trafic de stupéfiants. Il a été mis en examen ce lundi avant de e passe sa première nuit en détention provisoire.r

Michel Neyret a été longuement questionné sur ses relations avec Stéphane Alzraa et Gilles Benichou, réputés proches du « milieu » lyonnais. Le premier est soupçonné d’avoir mis à disposition du commissaire des Ferrari et Rolls Royce lors de séjours sur la Côte d’Azur. Le second, une figure de la nuit lyonnaise, aurait payé un voyage à Marrakech au commissaire.

Si Michel Neyret a reconnu ses cadeaux et des « imprudences », en livrant des informations que seuls les policiers possédaient, il a nié tout au long de ses 96 heures de garde à vue les faits qui lui sont reprochés. Le parquet de Paris a malgré tout requis la détention provisoire.

Le patron de la brigade de recherche et d’intervention de la PJ lyonnaise, le chef de son antenne grenobloise et son adjoint, répondent eux aussi à l’Inspection générale des Services (IGS).

Comment s’est déroulée sa chute?

La chute du commissaire Neyret s’est nouée en novembre 2010, quand, lors d’une grosse saisie de cocaïne dans un appartement de Neuilly-Sur-Seine, les Stups ont vu leur échapper les trafiquants. Dès lors, ils sont convaincus qu’une taupe avait fourni des « tuyaux » à ces derniers. Des écoutes ont permis de remonter jusqu’à Neyret. Elles ont également mis au jour des contacts avec des collègues qui lui demandaient de faire passer « des trucs » susceptibles de rémunérer des indicateurs.

Quelles étaient ses méthodes?

Décrit comme un « flic à l’ancienne », il employait pour arriver à ses fins des méthodes parfois controversées. Selon David Metaxas, l’avocat du grand banditisme à Lyon, Michel Neyret utilisait « un système qui fonctionne aux renseignements, les indics sont payés avec des prélèvements effectués dans les saisies ». Le commissaire a dû s’expliquer sur des soupçons de détournement d’importantes quantités de cannabis pour rémunérer des « indics ». Son entourage assure que les faits n’ont pas pu aller au-delà de cette « rémunération » et réfute qu’il ait pu se faire trafiquant.

L’avocat estime que « ce système en place depuis vingt ans était connu de toute la hiérarchie » et que celle-ci fait preuve aujourd’hui « d’hypocrisie. »La possibilité d’un enrichissement personnel laisse en revanche ceux qui le côtoyaient plus sceptiques. « Il ne menait pas grand train de vie », assurent des proches.

Quel était le parcours de Michel Neyret? Le numéro deux de la police judiciaire lyonnaise, âgé de 55 ans, était régulièrement salué par sa hiérarchie pour ses performances. Présentant l’un des meilleurs taux d’élucidation d’affaires de France, Michel Neyret fut même décoré de la Légion d’honneur en 2004. Il a permis d’élucider des dizaines d’attaques à main armée et de démanteler plusieurs trafics de stupéfiants, notamment ces transports à bord de grosses cylindrées, les « go fast ». C’est lui également qui est à l’origine de la découverte de la cache de Toni Musulin, le convoyeur de fonds parti en 2009 avec les 11,6 millions d’euros contenus dans son fourgon.

Son rôle de flic vient même d’être porté à l’écran dans le dernier film d’Olivier Marchal, Les Lyonnais, qui retrace l’histoire du gang des Lyonnais dans lequel Michel Neyret s’était illustré. Le commissaire avait participé de près au tournage, à Lyon.

Caroline Politi (L’Express.fr)

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