Les familles des étudiants mexicains disparus. © AFP

Mexique: des suspects avouent avoir tué plus de 40 des étudiants disparus

Des membres présumés d’un groupe criminel ont avoué avoir tué plus de 40 des étudiants disparus fin septembre au Mexique et avoir brûlé leurs cadavres, a annoncé vendredi le ministre mexicain de la Justice, Jesus Murillo Karam.

Face à cette affaire qui a provoqué la plus grave crise depuis son arrivée à la présidence du Mexique, Enrique Peña Nieto a promis l’arrestation de tous les responsables de cet « horrible crime ». Les autorités sont à la recherche des 43 élèves-enseignants de l’école normale d’Ayotzinapa, disparus depuis le 26 septembre, quand des bus les transportant ont été attaqués par des policiers municipaux et des criminels à Iguala, dans l’Etat de Guerrero (sud).

Les instigateurs présumés de cette attaque qui avait fait 6 morts et 25 blessés, l’ex-maire d’Iguala et son épouse, ont été arrêtés mardi. Au total 74 personnes – policiers, fonctionnaires, présumés criminels – ont été arrêtées depuis les faits, a indiqué le ministre.

Cette affaire a bouleversé le Mexique, mobilisé des dizaines de milliers de personnes dans des manifestations de rue, et provoqué des réactions d’horreur dans le monde entier.

14 heures…

Trois des détenus ont avoué que les étudiants ont été tués après leur avoir été livrés par des policiers liés au groupe criminel des Guerreros Unidos, entre les villes d’Iguala et de Cocula, dans l’Etat de Guerrero, a ajouté le ministre. Puis ils ont été transportés cette nuit-là dans des véhicules vers une décharge proche de Cocula où une quinzaine d’entre eux sont arrivés déjà morts par asphyxie. « Les détenus ont indiqué que dans ce lieu ils ont tué les survivants et ensuite les ont jetés dans la partie basse de la décharge et ont brûlé leurs corps ».

Selon leurs aveux, les corps ont été brûlés avec de l’essence, sur des bûchers de bois et de plastique, lors d’une opération qui a duré 14 heures, a précisé Jesus Murillo Karam. « Le feu a duré de minuit à 14h00 le lendemain. Les criminels n’ont pas pu manipuler les corps pendant trois heures en raison de la chaleur », a-t-il ajouté.

Les suspects ont ensuite concassé les restes avant d’en remplir des sacs en plastique et de les jeter dans une rivière.

« Le niveau élevé de dégradation par le feu rend très difficile l’extraction de l’ADN qui permettrait l’identification. Cependant nous ne ménagerons pas nos efforts pour épuiser toutes les possibilités scientifiques », a dit le ministre.

C’est la première fois que les autorités judiciaires mexicaines relatent l’affaire d’une manière qui mène à la conclusion que, très probablement, tous les disparus ont perdu la vie.

« Tant qu’il n’y a pas de preuves, nos enfants sont vivants »

Immédiatement après la conférence de presse du ministre de la Justice, le président mexicain Enrique Peña Nieto a promis aux parents que justice serait rendue. « Aux parents des jeunes disparus et à la société dans son ensemble, j’assure que nous ne renoncerons pas jusqu’à ce que justice soit faite », a dit le président.

« La capture des instigateurs ne suffit pas, nous arrêterons tous ceux qui sont impliqués », a assuré Peña Nieto, qui affronte avec cette affaire la pire crise depuis son arrivée à la présidence en décembre 2012.

Les parents, qui avaient eu la primeur des déclarations du ministre Murillo Karam, ont à leur tour tenu une conférence de presse à l’école normale rurale d’Ayotzinapa, fréquentée par tous les disparus.

Ils ont indiqué qu’il ne croyaient pas aux témoignages des présumés criminels et qu’ils refusaient de croire à la mort de leurs enfants. « Tant qu’il n’y a pas de preuves, nos enfants sont vivants », a dit Felipe de la Cruz, porte-parole des parents.

Contenu partenaire