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Mère Teresa canonisée par le pape François

Mère Teresa de Calcutta, qui a dédié sa vie aux plus déshérités, a été déclarée sainte dimanche par le pape François au commencement d’une messe de canonisation célébrée sur la place Saint-Pierre de Rome devant quelque 100.000 fidèles.

« Nous déclarons la bienheureuse Teresa de Calcutta sainte et nous l’inscrivons parmi les saints, en décrétant qu’elle soit vénérée en tant que telle par toute l’Eglise », a déclaré le pape François, en prononçant en latin la formule de canonisation rituelle. Le jour de sa fête dans le calendrier catholique des saints a été fixée au 5 septembre, jour anniversaire de la mort de Mère Teresa, décédé en 1997.

A l’issue de la cérémonie, le pape offrira un déjeuner à 1.500 personnes sans ressources, dont s’occupent notamment les soeurs des Missionnaires de la Charité, la congrégation fondée par Mère Teresa. Elles ont été acheminées de toute l’Italie pour participer à la canonisation avant de s’attabler autour de pizzas napolitaines servies par 250 soeurs et 50 frères de la congrégation.

Sur la façade de la basilique Saint-Pierre, un portrait géant de Mère Teresa trônait dimanche, sous un ciel bleu et un soleil d’été.

Quelque 100.000 personnes ont reçu un sésame pour vivre cet événement sur la place Saint-Pierre remplie à craquer, accueillant sous les applaudissements l’annonce de la canonisation.

« Je porte son prénom et j’ai grandi en admirant ce qu’elle faisait pour les pauvres et les enfants », a expliqué à l’AFP Teresa Burley, enseignante américaine s’occupant à Naples d’enfants handicapés, et dont Mère Teresa a inspiré la vocation.

Pour Abraham, un Indien expatrié à Londres, « Mère Teresa pratiquait réellement le christianisme, alors qu’une majorité de chrétiens se contentent d’en parler ».

Le rituel catholique de la canonisation, qui nécessite deux miracles attribués au futur saint, fait tiquer certains croyants comme Belquiz Almodovar, venue tout spécialement de New York avec un groupe d’une cinquantaine de paroissiens.

« Les miracles sont difficiles à prouver mais ils arrivent au quotidien », élude-t-elle. « Ce qui importe, c’est que mère Teresa a encouragé des milliers de personnes à être plus aimantes et plus généreuses. Elle était profondément humaine et elle a tellement donné de sa personne! ».

Un Brésilien, dont le témoignage a ouvert la voie à la canonisation de Mère Teresa, a raconté vendredi devant la presse conviée au Vatican (600 journalistes sont accrédités pour la canonisation) comment il s’était, selon lui, brusquement remis de tumeurs au cerveau en 2008 grâce aux prières répétées adressées à la religieuse.

‘Infatigable bienfaitrice’

La canonisation, prévue en présence d’une douzaine de chefs d’Etat, constitue un temps fort du Jubilé de la miséricorde voulu par le pape argentin.

Elle était « une infatigable bienfaitrice de l’humanité », avait lancé Jean Paul II lors de sa béatification en 2003, cérémonie qui avait alors attiré 300.000 fidèles à Rome.

Ralenti sous Benoît XVI, le dossier de canonisation a été relancé sous François, qui voit dans Mère Teresa une incarnation de son idéal d’une « Eglise pauvre pour les pauvres »… même s’il a déclaré qu’il aurait eu « peur » si cette petite femme déterminée et empreinte d’absolu avait été sa supérieure.

Une canonisation constitue la déclaration officielle qu’une personne décédée est au paradis.

Mère Teresa -née en 1910 dans une famille albanaise à Skopje et décédée le 5 septembre 1997 dans la maison-mère de sa congrégation à Calcutta- a reçu le Prix Nobel de la paix en 1979. En 1950, elle avait fondé en Inde les Missionnaires de la Charité, qui comptent aujourd’hui 5.000 religieuses consacrant leur vie aux plus pauvres et vivant dans une grande austérité.

Son actuelle supérieure générale, mère Mary Prema Pierick, a rappelé vendredi au Vatican que l’objectif de Mère Teresa n’était pas de « supprimer la misère » à Calcutta et dans le monde, mais « d’apporter de l’amour à des individus qui souffrent ».

Dotée d’une notoriété mondiale, la religieuse a été parfois critiquée pour n’avoir pas usé de son influence auprès des décideurs et de ne s’être pas attaquée aux racines de la pauvreté.

Des écrits publiés après sa mort ont révélé en outre qu’elle s’est sentie rejetée par Dieu pendant la majeure partie de sa vie, allant jusqu’à douter de son existence.

AFP

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