Robert Ménard. © Belga

Ménard retire ses affiches « humoristiques » mais estime « avoir gagné »

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

La mairie de Béziers (Hérault) a retiré les affiches en faveur du TGV, dont le caractère déplacé et violent à l’égard des femmes a suscité un tollé.

« Qu’on ne nous fasse pas le procès de la « violence faite aux femmes  » : le fondateur de Reporters Sans Frontières, et désormais maire pro-FN de Béziers, Robert Ménard, signe et persiste : non, personne, dans son équipe, n’avait eu vent du fait divers qui a vu, en juin dernier, en France, une femme se faire ligoter par son compagnon sur les rails d’un chemin de fer et mourir, écrasée, par un TGV. L’affiche qui faisait le plus polémique montre justement une femme ligotée sur un chemin de fer, alors que fonce sur elle une locomotive à vapeur. La légende : « Avec le TGV, elle aurait moins souffert « . Malgré les dires de Robert Ménard, il semble toutefois fort peu probable que cet ancien journaliste n’ait pas été au courant de ce fait divers-là. Mais Robert Ménard se défend : « C‘est de l’humour noir ! » Point final. En filigrane, l’interrogation (pertinente) suivante : pourquoi « Charlie Hebdo » aurait-il le monopole de l’humour ? Pourquoi un élu ne pourrait-il pas se servir des mêmes « armes » ?

« On a gagné »

Que ce soit bien clair : si Béziers a décidé de retirer les affiches qui font polémique, depuis ce lundi, ce n’est pas sous la pression populaire ou médiatique. Ce n’est pas non plus à cause de l’ouverture d’une enquête judiciaire. Non. Si Monsieur Ménard a fait retirer sa campagne d’affichage pro-TGV, c’est parce que ce dernier (et son épouse, la députée Emmanuelle Ménard) estiment « avoir gagné » : « Il aura suffi de cinq affiches à l’humour très Hara Kiri, pour qu’enfin les médias et les pouvoirs publics regardent vers nous « , peut-on ainsi lire dans le communiqué établi par la mairie de Béziers.

« Défaite de l’action politique »

Pas si sûr toutefois que la campagne « humoristique » de Robert Ménard ait réellement servi la cause du TGV en Occitanie. Pas certain non plus, qu’en pleine période #BalanceTonPorc, alors que la parole des femme se délie, quant aux violences dont elles sont victimes, séduise le gouvernement français. C’est en tout cas l’avis de Carole Delga, la Présidente PS de l’Occitanie, la maxi-région du Sud, deux fois plus grande que la Belgique. Carole Delga, fer de lance de la construction d’une nouvelle ligne à grande vitesse dans sa région, commentait ainsi, ce mercredi matin, la campagne menée par Robert Ménard : « Je trouve ça tragique que Ménard puisse qualifier sa campagne d’ « humour ! C’était bel et bien une campagne de com’ sur la violence faite aux femmes ! Ça donne une image catastrophique de Béziers. Cela ne va pas donner confiance aux investisseurs ou à quiconque. C’est une vraie défaite de l’action politique« .

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire