Theresa May et Donald Trump © AFP

« May peut compter sur le fait que Trump lui donnera un bon deal pour accélérer la désagrégation de l’UE »

Le gouvernement britannique se prosterne face à Donald Trump. Et celui-ci est ravi. Tout pour le Brexit.

La précipitation de la Première Ministre Theresa May à se rendre à la Maison-Blanche pour féliciter Donald Trump de « sa victoire magnifique » n’a pas été bien reçue par tous les Britanniques. Le journal de qualité The Guardian et le tabloïd The Sun l’ont tous deux taxée de caniche. En 2003, Tony Blair avait lui aussi été traité de caniche de George W. Bush, suite à la docilité dont il a fait preuve pour entrer en guerre contre Saddam Hussein en Irak. The Economist n’a pas hésité à comparer la promenade de May à Washington à une visite de mère supérieure à une séance photo de Playboy.

Ce n’est en effet que depuis peu que May exprime son admiration pour Trump. Son ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a déclaré, il n’y a pas longtemps, que le président américain affichait une « ignorance effarante » et qu’il était « inapte » à diriger son pays. Entre-temps, il est revenu là-dessus, car c’était évidemment avant que The Donald soit investi 45e président des États-Unis. Les Conservateurs britanniques ont également désapprouvé la photo du leader d’UKIP, Nigel Farage, en compagnie du président élu quelques jours à peine après les élections. C’était là un faux pas diplomatique de Trump, qu’il ne ferait probablement plus maintenant.

Au fond, la visite de May à Washington a été l’entrée de Trump sur la scène internationale diplomatique. Sa précipitation et l’honneur que lui a fait Trump de la recevoir comme premier chef d’État étranger sont liés au Brexit. Quand, dans deux ans, le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne, il lui faudra rapidement un accord de libre-échange avec les Américains. Tant que Londres est membre de l’Union, il n’a pas le droit de négocier des traités séparés, mais il ne serait guère étonnant que les discussions avec les Américains commencent en même temps que celles sur le Brexit.

À première vue, Trump n’a aucune raison d’aider les Britanniques à obtenir un accord avantageux. Pour commencer, il n’est pas un défenseur du libre-échange. Il sait aussi que May est demanderesse et qu’il est donc libre d’exploiter le poids économique des États-Unis. May peut uniquement compter sur le fait que Trump lui accorde un bon deal pour accélérer la désagrégation de l’UE. Lors d’une conférence de presse commune, Trump a qualifié le Brexit de « merveilleux ». Si un accord avec les Américains est bénéfique pour les Anglais, pourquoi d’autres états membres de l’Union ne suivraient-ils pas cet exemple ? En même temps, The Economist et d’autres sont d’avis qu’un bon accord avec les Américains ne compense pas du tout la perte du marché européen pour les Britanniques.

May a également réussi à persuader Trump d’exprimer son soutien à l’OTAN, mais deux jours après avoir marché main dans la main vers la tribune, il y avait déjà de l’eau dans le gaz. À l’instar d’autres dirigeants européens, May s’est sentie obligée de protester contre l’ordre présidentiel qui interdit l’accès du territoire américain aux citoyens d’un certain nombre de pays à majorité musulmane même si elle a laissé l’honneur de le faire à son ministre des Affaires étrangères.

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