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Massacre de Srebrenica: le président serbe demande pardon « à genoux »

Le Vif

Dans une interview dont des extraits ont été diffusés sur Internet, le président serbe, Tomislav Nikolic, demande pardon « à genoux » à la Bosnie pour le massacre de Srebrenica où 8000 bosniaques avaient été assassinés par des militaires serbes.

C’est « à genoux », selon ses propres termes, que le président de la Serbie, Tomislav Nikolic, a présenté des excuses publiques à la Bosnie pour le massacre des musulmans de Srebrenica, en juillet 1995. « Je m’agenouille et demande que la Serbie soit pardonnée pour le crime commis à Srebrenica », a déclaré Tomislav Nikolic dans une interview qui sera diffusée le 7 mai prochain à la télévision d’État bosnienne mais dont certains extraits sont d’ores et déjà disponibles sur Internet.

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Comme son prédécesseur Boris Tadic – considéré comme plus ouvert sur l’Occident, il s’était excusé auprès des familles des victimes de Srebrenica lors d’une commémoration du massacre en 2005 – Tomislav Nikolic a pris soin d’éviter le terme de « génocide », préférant parler de « crime ». En juillet 1995, sous le commandement du général Ratko Mladic, l’Armée de la République Serbe de Bosnie avait massacré 8000 hommes et adolescents bosniaques à proximité de la ville de Srebrenica dans l’est de la Bosnie-Herzégovine. 400 Casques bleus de l’ONU, présents dans la région au moment des faits, étaient restés impuissants. Considéré comme « le pire massacre depuis la fin de la seconde guerre mondiale », cet épisode a été qualifié, à de multiple reprises, de « génocide » par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et la Cour internationale de Justice.

Virage à 180 degrés

En demandant pardon pour « les crimes commis au nom de notre Etat », Tomislav. Nikolic, nationaliste et populiste, opère un virage à 180 degrés par rapport à son discours habituel. En effet, au lendemain de son élection à la présidence de la Serbie, le 31 mai 2012, il avait provoqué l’ire de la Bosnie et suscité l’indignation des pays occidentaux en affirmant qu’ « il n’y a pas eu de génocide à Srebrenica ».

Ces déclarations spectaculaires marquent un tournant dans la diplomatie du pays. Les excuses du président serbe s’inscrivent dans un contexte d’apaisement, à un moment où la Serbie entend donner des gages à l’Europe dans la perspective d’une éventuelle adhésion à l’Union. Sous la pression de Bruxelles, le gouvernement serbe tente, en parallèle, de normaliser ses relations avec le Kosovo. Un accord jugé « historique » vient d’être signé en ce sens le 19 avril entre les deux parties.

Pas sûr toutefois que le revirement du président serbe suffise à cicatriser des plaies encore vives dans les Balkans. La présidente de la principale association des mères de Srebrenica, Munira Subasic, a déclaré à l’AFP ne « pas être convaincue de la sincérité » des propos de Tomislav Nikolic. « Nous n’avons pas besoin que quelqu’un se mette à genoux pour demander pardon. Nous voulons entendre le président serbe et la Serbie prononcer le mot génocide. C’est seulement alors que nous allons croire que c’est un geste sincère », a-t-elle déclaré.

Par Youshaa Hassenjee

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