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Marion Le Pen : à la découverte du père

Le Vif

La députée FN du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen, n’a rencontré son père biologique qu’à l’adolescence.

La politique, et la médiatisation qui l’accompagne, exposent les êtres, et explosent leurs secrets. Fussent-ils de famille. Yann Le Pen, la mère de la députée Marion Maréchal-Le Pen, reçoit, en mars 2013, à Montretout, la journaliste Christine Clerc. Cette dernière prépare un livre, à paraître le 18 novembre, sur Les Conquérantes (Nil), compilation de portraits de douze femmes « à l’assaut du pouvoir ». La discussion s’installe lorsqu’arrive le sujet de la concurrence entre Marion et Marine Le Pen. Face à cette thématique rebattue, la fille cadette de Jean-Marie Le Pen donne un éclairage clé, en « off », à son intervieweuse : entre Marine et sa nièce, le lien est d’autant plus fort que la tante de Marion, à sa naissance, s’est occupée d’elle comme d’une mère – puisque le père n’était plus là.

Une version, qui, dans le livre, se lit comme suit : « Yann a été mariée une première fois. Séparée, en instance de divorce, elle a eu, confie-t-elle, ‘une aventure’ avec un journaliste. C’est ainsi qu’elle s’est trouvée enceinte de Marion. ‘Marine, ma petite soeur, a été son papa à l’accouchement. Elle m’a aidée à l’élever.' » Un peu plus loin, Christine Clerc raconte : « Marion avait deux ans quand sa mère a rencontré et épousé Samuel Maréchal… (…) Maréchal a reconnu la petite fille. Reconnaissante, Marion a tenu à prendre son nom. A quinze ans, elle a tout de même voulu connaître son véritable père, le journaliste, qu’elle revoit de temps en temps. »

Les regrets de Yann Le Pen

La surprise envahit les acteurs du Front national en tombant sur ces lignes. Non par ce qu’elles révèlent, car ils connaissent l’histoire, qu’elle soit précise ou sous forme de rumeur. Mais par le fait que c’est la mère de la députée du Vaucluse, d’habitude très protectrice, qui la rend publique. Contactée par L’Express, Yann Le Pen regrette amèrement d’avoir accordé cet entretien au printemps 2013 : « En vingt ans, aucun journaliste à qui j’en avais parlé ne s’est permis de relayer cet épisode. Ce qui s’est passé est hallucinatoire. Je suis très gênée. »

Ce père que Marion a rencontré tardivement, et que le livre ne nomme pas, s’appelle Roger Auque. Enlevé au Liban par le Hezbollah en 1987, il est détenu en otage près d’un an, avant de reprendre sa carrière de journaliste grand reporter. Pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, il entame une nouvelle vie en étant nommé, en 2009, ambassadeur de France en Erythrée.
Actuellement à Paris, Roger Auque attend une nouvelle affectation, après une dernière année compliquée par une maladie importante, traitée avec succès par les équipes de l’hôpital militaire du Val de Grâce. Egalement sollicité par L’Express, il répond courtoisement qu’il n’a « aucun commentaire à faire sur [sa] vie professionnelle ou privée ».

Le rôle de Samuel Maréchal

La mère de Marion Maréchal-Le Pen, elle, tient à préciser une chose. Si l’on parle du « vrai père » de sa fille, alors il faut évoquer Samuel Maréchal. Ancien directeur du Front national de la jeunesse au début des années 90, Maréchal a assuré l’éducation de Marion. Mieux : il a participé à sa formation politique, lui enseignant un précepte qu’il regrette de n’avoir pas suivi pour lui-même : ne pas être dans l’hyper-communication.

Lors des élections régionales de 2010, qui sont pour Marion le départ – quelque peu raté – de sa carrière, Samuel Maréchal l’accompagne dans les coulisses de France 3 Ile-de-France, afin de rassurer sa fille qui passe pour la première fois sur le plateau d’une importante émission de télévision. Enfin, ainsi que le relate un article du Nouvel Observateur de juin 2013, Samuel Maréchal a été déterminant quand il faut convaincre sa fille d’accepter de se présenter aux dernières législatives, elle qui avait écrit à son grand-père son « irrévocable » refus.

Marion Maréchal-Le Pen, si elle exerce des responsabilités nationales pendant de longues années, ne pouvait espérer cacher toute sa vie ce secret. Cependant, le moment, pour elle, n’était pas venu. Il y a quelques mois, elle a assigné en justice une militante du Front national qui avait, sur Facebook, diffusé l’information. Aujourd’hui, la jeune femme de 23 ans insiste par SMS : « Cela n’a rien à faire sur la place publique. »

Par Tugdual Denis

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