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Mario Monti, Premier ministre et ministre de l’Economie

Mario Monti, devenu officiellement Premier ministre italien mercredi, a pris en charge l’Economie à la tête d’un gouvernement de technocrates qui devra rapidement rassurer sur la crédibilité de l’Italie, tandis que Silvio Berlusconi faisait ses valises.

Après deux heures et demi d’attente, la présidence italienne a annoncé que l’ex-commissaire européen, 68 ans, acceptait formellement la charge de président du Conseil. Ce professeur d’économie respecté a annoncé lui-même ensuite qu’il cumulera cette fonction avec celle de ministre de l’Economie et des Finances.

M. Monti, qui pilotera un gouvernement resserré à 16 ministres, avait été choisi dimanche par le président Giorgio Napolitano pour remplacer M. Berlusconi alors que l’Italie, handicapée par une énorme dette de près de 1.900 milliards d’euros, risquait l’asphyxie après une hausse vertigineuse des taux des emprunts d’Etat.

Signe de sa volonté de surmonter « la difficile phase actuelle » alors que les taux à 10 ans frôlent le niveau périlleux des 7%, il devrait être épaulé par des vice-ministres dont il a précisé qu’ils seront désignés par la suite.

Grande nouveauté: M. Monti a créé un super-ministère de la croissance rassemblant les portefeuilles du Développement économique, des Infrastructures et des Transports, confié au patron de la deuxième banque italienne Intesa San Paolo, Corrado Passera.

Cette décision vise à « mettre plus au centre les initiatives coordonnées pour la croissance économique » et « renforcer le coeur de l’économie réelle avec une plus grande attention et cohésion », a indiqué M. Monti.

Il a déjà dit ces derniers jours vouloir non seulement tenir les objectifs d’austérité italiens mais aussi relancer la croissance du pays sans laquelle Rome ne pourrait pas rembourser sa dette.

Trois femmes participeront à l’exécutif pour occuper des postes de poids comme l’Intérieur, la Justice ainsi que l’Emploi et les politiques sociales, a annoncé M. Monti en soulignant cette « participation féminine ».

Au moment de l’annonce du nouvel exécutif, Silvio Berlusconi terminait de faire ses bagages après trois ans et demi au Palais Chigi, siège du gouvernement, pour redevenir un simple député. La passation de pouvoirs entre les deux hommes est prévue dans l’après-midi après la prestation de serment du gouvernement.

La bourse était à l’équilibre (ni en baisse, ni en hausse) après l’officialisation de l’arrivée au pouvoir de M. Monti, un professeur d’économie surnommé « Super Mario » pour sa compétence et son indépendance quand il était commissaire à la Concurrence à Bruxelles.

Contrairement à ce qu’avait souhaité M. Monti afin de s’appuyer sur une base parlementaire plus solide, aucun politicien n’est entré au gouvernement.

Pour M. Monti, cette absence « facilitera plutôt que ne fera obstacle à l’action gouvernementale car elle (leur) ôtera un motif d’embarras » si les mesures proposées étaient trop éloignées de leur ligne.

L’ex-commissaire européen (1994-2004) a déjà averti les Italiens de possibles « sacrifices ». Il n’a pas donné de détails mercredi, réservant l’annonce de son programme pour jeudi au Sénat lors du vote de confiance sur son gouvernement.

Selon la presse, il pourrait faire adopter un nouveau plan de rigueur pour compléter les mesures d’austérité de 60 milliards d’euros sur trois ans, déjà décidées en juillet et septembre afin d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2013.

M. Monti devrait bénéficier d’une période de grâce, les principaux syndicats ainsi que le patronat lui ayant assuré lors de consultations mardi qu’ils étaient prêts à accepter « des sacrifices partiels » même si certains ne les enthousiasment pas.

Mario Monti envisage en effet de rétablir la taxe foncière sur la résidence principale, de créer un impôt sur le patrimoine et prévoit de réformer les régimes retraites et de rendre plus flexible le marché du travail.

Le nouveau Premier ministre disposera au moins dans un premier temps d’un soutien parlementaire massif (plus de 400 députés sur 630 à la Chambre) puisque seule la Ligue du nord, le parti populiste qui était le principal allié du gouvernement Berlusconi, va passer à l’opposition.

Le Vif.be, avec Belga

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