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Marche blanche à Calais en mémoire de Chloé

L’enlèvement, le viol et le meurtre d’une fillette de 9 ans dans le nord de la France suscitait jeudi une vague d’émotion avivée par le parcours de son meurtrier présumé, un Polonais récemment sorti de prison et expulsé vers son pays.

A Calais, les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments municipaux et quelque 5.000 personnes ont participé à une marche blanche à la mémoire de Chloé en fin d’après-midi. « Chloé n’était qu’une enfant, Chloé n’était que joie. Aujourd’hui, nous pleurons tous une enfant qui ne voulait que vivre », a confié la mère de Chloé, qui ouvrait la marche aux côtés de son mari et de ses trois autres enfants.

Le Premier ministre socialiste Manuel Valls a assuré que « toute la vérité sera faite pour comprendre l’itinéraire » du suspect, interpellé peu après les faits mercredi et passé aux aveux. « C’est à la justice maintenant de mener l’enquête et ce que nous devons, nous, à la famille, c’est toute la vérité. Toute cette vérité sera faite pour comprendre l’itinéraire de cet individu », a-t-il déclaré à Paris.

Le chef du gouvernement a précisé que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve était « en contact notamment avec son homologue polonais », pour comprendre comment le suspect avait pu revenir en France d’où il avait été expulsé.

De son côté, l’opposition de droite UMP a fustigé « la politique de désarmement pénal » en matière de remise de peine, menée selon elle par le gouvernement socialiste.

La petite victime, Chloé, âgée de 9 ans, a été kidnappée devant témoins en milieu d’après-midi mercredi à Calais, alors qu’elle jouait dehors avec une amie. Son corps dénudé a été retrouvé au bout de deux heures dans un bois de la ville, à proximité d’une voiture rouge immatriculée en Pologne qui avait été aperçue sur les lieux du rapt.

Interpellé peu après et interrogé pendant la nuit, le suspect, un Polonais de 38 ans, qui selon plusieurs média français s’appellerait Zbigniew H., a « immédiatement reconnu son implication dans le décès de l’enfant », a déclaré le procureur de Boulogne-sur-Mer, Jean-Pierre Valensi, chargé de l’affaire. « Il a reconnu le viol et l’assassinat », a précisé à l’AFP une source proche de l’enquête.

Selon le parquet, l’homme avait été condamné à deux reprises en France, en 2004 à quatre ans de prison et en 2010 à six ans, pour des extorsions avec violence, vols aggravés et une séquestration ou tentative de séquestration. Il avait été remis le 27 mars 2014 aux autorités polonaises, qui avaient émis un mandat d’arrêt européen à son encontre « pour des faits de cambriolages commis en 2000 à Varsovie », a indiqué lors de son point de presse le procureur.

« L’individu avait fait l’objet d’une interdiction du territoire français (…) et à sa sortie de prison, il avait fait l’objet d’une expulsion du territoire national vers son pays d’origine, la Pologne », a indiqué Bernard Cazeneuve. Mais le procureur de Boulogne, Jean-Pierre Valensi, a précisé un peu plus tard que l’interdiction du territoire ne pouvait être appliquée au suspect au regard des infractions pour lesquelles il avait été condamné en France. « Ce n’était pas applicable au regard de la loi, donc le tribunal ne pouvait pas prononcer cette peine », a expliqué le procureur.

Selon le procureur, le suspect a raconté aux enquêteurs être arrivé sans passeport mercredi matin à Calais, avec l’intention de traverser la Manche pour aller voir sa soeur à Southampton en Angleterre. Son chemin croise Chloé lorsque, pour aller boire une bière, il gare sa voiture dans la rue où joue la fillette, qui s’approche alors de lui et « l’arrose à l’aide d’un pistolet à eau », a rapporté le magistrat. Tout se passe alors très vite: il empoigne la fillette et la fait monter de force à l’arrière de sa voiture avant de gagner un bois voisin, où l’agression sexuelle et la mort de la fillette auraient eu lieu, selon la même source.

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