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Manuel Noriega, ancien dictateur du Panama, débarque à Paris

L’ancien dictateur panaméen Manuel Noriega a atterri ce mardi sur le sol français. Il doit être jugé pour blanchiment présumé d’argent de la drogue. La justice française l’a déjà condamné par défaut en 1999 à dix ans de prison pour diverses accusations.

Paris et la justice française accueillent ce mardi un des dictateurs les plus sanguinaires et corrompus de l’Amérique centrale contemporaine, Manuel Noriega. Condamné en 1999 par contumace à dix ans de prison et 11,2 millions d’euros d’amende, la justice française souhaite organiser un nouveau procès pour blanchiment d’argent de la drogue. Une fois au palais de justice de Paris, son mandat d’arrêt lui sera notifié. Il comparaîtra devant un juge des libertés et de la détention lors d’un débat contradictoire sur sa détention en attendant son procès.

Manuel Noriega a aujourd’hui 74 ans. Il a été renversé puis capturé en 1989 lors de l’intervention américaine au Panama ordonnée par le président américain George Bush. Les Etats-Unis l’ont ensuite condamné à 40 ans de prison sur leur territoire pour trafic de drogue. Placé en détention en Floride, il a finalement passé 17 ans derrière les barreaux suite à une réduction de peine pour bonne conduite.

Pourtant, les Etats-Unis n’ont pas toujours considéré Noriega comme un hors la loi. Après une enfance difficile, il entre dans une école militaire et devient lieutenant puis chef d’Etat-major. Dès le début de ses études, il entretient des relations avec la CIA qui finance son ascension en même temps qu’il fournit des informations sur les guérillas et partis de gauche panaméens.

Il arrive au pouvoir en 1983 et procède à l’élimination de membres de l’opposition. Il continue de transmettre des données et de lutter contre les résistances de gauche panaméennes mais aussi contre les pays voisins, notamment le front sandiniste au Nicaragua. Dans le même temps il a laissé se développer le trafic de drogue des grands cartels colombiens et des nouveaux pontes panaméens.


Des voix s’élèvent contre cette extradition

Me Julio Berrios, l’avocat à Panama de Manuel Noriega, n’accepte pas l’extradition de son client des Etats-Unis vers la France. Selon lui, cette décision viole l’accord bilatéral d’extradition entre Panama et les Etats-Unis de 1904 et un autre traité identique souscrit par Washington et Paris en 1908.

L’avocat s’insurge. « Il s’agit d’un accord secret entre les deux derniers gouvernements panaméens, les Etats-Unis et la France pour que Noriega ne rentre pas au pays. Evidemment ce n’est pas un accord écrit ». L’ancien président panaméen Martin Torrijos, de 2004 à 2009, et l’actuel, Ricardo Martinelli, « préfèrent que Noriega soit emmené en France et gardé loin du Panama de peur qu’il puisse perturber la tranquillité du pays », a-t-il précisé.

De son coté, l’avocat français de l’ancien dictateur pense que Noriega ne peut pas être jugé par la justice française. Il profite de la prescription des faits et de son immunité. Me Yves Leberquier a souligné sur France Info lundi soir que « Noriega bénéficie de l’immunité comme ancien chef d’Etat », et que « la prescription des faits remontent aux années 1980 ».

Il ajoute que « le général Noriega a obtenu des Etats-Unis le statut de prisonnier de guerre » qui s’applique aussi en France, pays signataire de la Convention de Genève. Cela « devrait lui permettre d’avoir des conditions de détention dignes d’un prisonnier de guerre, ce que en l’état, les prisons françaises ne peuvent absolument pas présenter ». Il juge ces contraintes « insurmontables » pour la justice française et compte « demander qu’elle se déclare incompétente ».

Guillaume Bur, avec Belga.

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