Le "camp" de stérilisation en Inde. © Reuters

Manifestations dans le centre de l’Inde après la mort de 13 femmes stérilisées

Des manifestants en colère ont demandé mercredi la démission du chef d’un État du centre de l’Inde, où 13 femmes sont mortes des suites d’une opération de stérilisation de masse organisée samedi par l’État.

Quatorze femmes sont toujours dans un état grave dans l’État du Chhattisgarh, souffrant de complications après cette opération pour laquelle elles ont reçu une indemnisation de l’État de 1.400 roupies (environ 20 euros). « Les premières constatations suggèrent qu’un choc septique a pu être à l’origine des décès », a dit à l’AFP un responsable de l’exécutif local, Amar Thakur. « Il semble que le matériel médical utilisé a pu être infecté. Nous attendons le rapport » d’enquête, a-t-il dit par téléphone depuis le district de Bilaspur où a eu lieu l’opération. Les victimes ont commencé à vomir et à voir leur tension artérielle chuter à la suite de cette stérilisation réalisée par voie laparoscopique, un procédé censé être peu invasif. L’intervention consiste à bloquer les trompes utérines.

Le bilan s’est alourdi à 13 décès mercredi, selon un fonctionnaire local, qui a précisé que des femmes stérilisées lundi dans le cadre d’un autre programme dans cette zone souffraient aussi de complications. « Six femmes du camp de Gorella souffrent de complications et sont traitées à Bilaspur », a dit Sonmani Borah, un responsable du district, à l’AFP. Commerces et entreprises ont fermé leurs portes à Raipur, capitale du Chattisgarh, où des dizaines de manifestants ont réclamé la démission du chef de l’exécutif de l’État, Raman Singh. Ces manifestants qui, pour la plupart, font partie de l’opposition, ont scandé des slogans contre Singh et vandalisé des voitures, selon des images diffusées à la télévision.

La stérilisation est l’une des méthode les plus répandues de planning familial en Inde, où nombre d’États organisent des opérations de stérilisation de masse visant généralement les femmes des zones rurales. Il s’agit en théorie d’une démarche volontaire mais selon des ONG, les femmes sont souvent peu informées et soumises à de fortes pressions de la part d’employés des gouvernements locaux. Ces ONG dénoncent les conditions d’hygiène souvent déplorables dans lesquelles ont lieu les opérations. Cette fois, le médecin et son assistant auraient, selon les médias indiens, opéré 83 femmes en cinq heures en utilisant le même matériel pour toutes.

Certaines femmes ont dit aux médias avoir été contraintes à se faire opérer. Les conditions d’opérations sont souvent « effroyables », selon Sona Sharma, directrice de l’ONG Population foundation of India. « Le gouvernement a mis en place des protocoles mais ils ne sont pas mis en application », a-t-elle ajouté, appelant celui-ci à soutenir « un système reposant davantage sur le libre arbitre ». Le Premier ministre Narendra Modi a ordonné une enquête et quatre personnes chargées des affaires de santé dans le gouvernement local ont été suspendues. La police a également déposé une plainte contre le chirurgien responsable des opérations.

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