Sjaak Rijke, ici dans une capture d'écran d'une vidéo diffusée par Aqmi le 21 novembre 2012, a été libéré par l'armée française ce lundi 6 avril au Mali. © PHOTO/AL-JAZEERA/HO

Mali: un otage néerlandais d’Aqmi libéré par l’armée française

Un Néerlandais, otage du groupe islamiste Aqmi depuis novembre 2011, a été libéré lundi à l’aube par des soldats des forces spéciales françaises, lors d’une opération délicate dans une région désertique de l’extrême nord du Mali.

« L’otage néerlandais Sjaak Rijke, enlevé à Tombouctou le 25 novembre 2011 », a été libéré lors « d’une action militaire conduite par les forces spéciales de l’armée française. Cette action de combat a permis la capture de plusieurs individus », a annoncé le ministère français de la Défense.

« Sain et sauf », M. Rijke a été « évacué et mis en sécurité à Tessalit, une ville de l’extrême nord-est du Mali, a ajouté le ministère.

« C’est une grande fierté » pour les forces françaises, a déclaré le président François Hollande.

L’assaut s’est déroulé « près de Tessalit », a-t-il ajouté. « La lutte contre le terrorisme au Mali n’est pas terminée. Nous avons toujours 3.000 hommes qui sont présents dans la région, pas seulement au Mali, pour assurer cette lutte contre le terrorisme », a-t-il insisté.

Le chef de l’Etat a affirmé que cela a été pour les forces françaises « une surprise de pouvoir libérer cet otage », mais le chef du commandement des opérations spéciales (COS), le général Grégoire de Saint-Quentin, a au contraire raconté une opération minutieusement préparée, lundi soir sur la radio française Europe 1.

Selon lui, « localiser le campement sur lequel l’otage était détenu a été extrêmement long ».

« L’otage était détenu dans un endroit loin de tout, dans une zone désertique. (…) Cela a nécessité des moyens d’infiltration assez sophistiqués pour amener l’équipe d’assaut au plus près », a-t-il raconté.

La vingtaine de membres des forces spéciales s’est approchée, sous le couvert de la nuit, mais « dans les dernières dizaines de mètres une équipe de sentinelles des preneurs d’otages a ouvert le feu sur nous. Nous avons engagé une riposte et tout de suite l’otage a été libéré », a précisé le général de Saint-Quentin.

« Ils ont tué deux preneurs d’otages, les deux autres se sont rendus et l’otage a été libéré. Tout ça s’est passé en quelques secondes ». Selon lui, Sjaak Rijke est « en bonne santé, mentale et physique. Il a réussi à garder le cap malgré 1.224 jours de détention, dans cet univers minéral dans lequel il n’y a pas un bruit ».

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, a salué « une formidable nouvelle ». « Je suis heureux et reconnaissant que cette horrible période d’incertitude et de détresse soit terminée ».

Il a indiqué que l’ancien otage, un conducteur de train en vacances au Mali, recevait des « soins » et était entouré par des soldats néerlandais et du personnel de l’ambassade.

Depuis un an, 500 militaires néerlandais participent à la stabilisation et à la sécurité du Mali dans le cadre de la force onusienne Minusma.

Le 25 novembre 2011, un groupe d’hommes armés avait fait irruption sur la terrasse d’un hôtel à Tombouctou et menacé un groupe d’Occidentaux. L’un d’eux, un Allemand, avait tenté de résister et été tué. Un autre, également allemand, était parvenu à se cacher. La femme de M. Rijke, présente à l’hôtel, avait aussi réussi à échapper aux kidnappeurs.

Le commando avait emmené Sjaak Rijke ainsi qu’un Sud-africain, Stephen Malcolm McGown, et un Suédois, Johan Gustafson, qui sont toujours aux mains de leurs ravisseurs.

A Bamako, une source sécuritaire malienne a déclaré à l’AFP: « nous savions de manière précise que les derniers otages étaient détenus par le terroriste touareg Abdelkrim Taleb, de nationalité malienne. L’opération s’est déroulée dans un secteur où plusieurs otages européens libérés dans le passé ont été détenus ».

L’otage sud-africain « n’était pas sur place », car il avait été « déplacé depuis au moins 48 heures », a ajouté cette source. Quant à l’otage suédois, il « est probablement détenu par un autre sous-groupe d’Aqmi », selon une source militaire onusienne au Mali.

En novembre 2014, Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) avait diffusé sur internet une vidéo sur laquelle Sjaak Rijke s’exprimait à l’occasion de son 1.000e jour de détention. Il était accompagné sur ce film de Serge Lazarevic, otage français aux mains d’Aqmi relâché peu après, en échange de la libération de quatre jihadistes emprisonnés au Mali.

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