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Malgré l’aide russe, Damas peine à prendre le dessus sur les rebelles

Le Vif

L’armée syrienne, malgré trois semaines de frappes intenses russes et l’aide de ses alliés iraniens et du Hezbollah, n’a pas réussi à invertir le rapport de force en sa faveur en raison de sa fatigue et d’un manque d’allant, selon les analystes.

Les troupes du régime ont lancé simultanément cinq offensives dans le nord, l’ouest, le centre et autour de Damas pour affaiblir les rebelles obligés de combattre sur plusieurs fronts à la fois, mais selon une source de sécurité syrienne, elles n’ont réussi qu’à avancer au sud d’Alep et dans le nord de Homs.

« Le soutien aérien russe ne suffit pas à modifier l’équilibre en faveur du régime, car il y a beaucoup de lacunes et de points faibles au sein des forces terrestres syriennes », indique Yezid Sayigh, analyste au Centre Carnegie de Beyrouth.

L’armée, qui comptait 300.000 hommes dans ses unités combattantes au début de la guerre en mars 2011, a vu depuis ses effectifs fondre de moitié en raison des morts, des défections et des insoumissions.

Dans cette opération de la dernière chance pour récupérer le terrain perdu alors que le régime ne contrôle plus que 30% du territoire, les troupes gouvernementales sont aidées par des dizaines de milliers de miliciens syriens, des combattants du Hezbollah libanais et des Gardiens de la révolution iraniens.

Et même si la Russie, alliée indéfectible du régime de Bachar al-Assad, a mené depuis le 30 septembre plus de 500 raids ceux-ci n’ont pas été suffisants jusqu’à présent pour rétablir l’équilibre en faveur du régime.

Empêcher l’effondrement de l’armée

Pour les experts, l’aide russe et des alliés iraniens et du Hezbollah a avant tout permis d’empêcher l’effondrement de l’armée et par voie de conséquence du régime.

L’intervention russe « a rétabli le moral » de l’armée mais pas plus, a déclaré M. Sayigh à l’AFP.

En effet, avant cette offensive, le moral des troupes était très bas et les soldats abandonnaient plusieurs positions sans combattre. De plus, le réservoir humain était tari avec le refus des jeunes de faire leur service militaire.

Pire encore, l’armée manquait de matériel sophistiqué. « L’aviation syrienne avait épuisé quasiment toutes ses munitions et missiles donnés autrefois par la Russie et ne disposait plus que des barils explosifs de fabrication locale », a affirmé à l’AFP un expert militaire arabe qui avait été en poste en Syrie.

Même les chars syriens, qui constituaient la force de frappe de l’armée, ont été paralysés par les rebelles qui disposaient d’une grande quantité de missiles anti-char TOW, livrés par leurs alliés.

L’intervention russe a été annoncée avec fracas, mais « les changements sur le terrain constituent un minimum », estime Karim Bitar de l’Institut pour les relations internationales et stratégiques, basé à Paris.

« Sur le plan militaire, les Russes cherchent plutôt à préserver le statu quo et à maintenir les régions contrôlées par le régime aux mains d’Assad », affirme M. Bitar.

Combat de longue haleine

Pour Chris Kozak de l’Institut de l’étude de la guerre à Washington, « les forces du régime ont essuyé d’énormes pertes en effectifs et en matériels face à la grande résistance des rebelles » pendant la guerre.

« Le régime n’a pas pris beaucoup de terrain (…) Le flot continuel des blessés graves pourrait rendre ses forces plus vulnérables face à une contre-attaque des rebelles », dit-il.

Mais, selon des sources proches de Damas, le régime et ses alliés sur le terrain sont préparés à un combat de longue haleine.

« Il faut attendre 90 jours pour évaluer les résultats de l’opération en cours, personne ne pariait sur des résultats significatifs en quelques jours », a indiqué une source militaire syrienne.

Al-Walid Sukkarieh, expert militaire libanais et député du Hezbollah, partage cet avis. « A peine deux semaines ont passé et l’armée fait face à des groupes armés en pleine force, le faible progrès est donc logique dans cette phase initiale ».

« Nous devons attendre que les frappes russes affaiblissent les groupes (rebelles) et alors nos progrès seront plus rapides », dit-il.

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