Gérald Papy

Make America clever again!

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Pour justifier son retrait de l’accord de Paris sur le climat, Donald Trump défend les emplois du passé et hypothèque les embauches d’avenir. Les Etats-Unis vont-ils perdre l’intelligence d’être à la pointe des nouvelles technologies?

Le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat était attendu. Malheur à la planète, Donald Trump n’a pas renié cette fois-ci sa promesse électorale comme il l’a fait sur d’autres dossiers (la place et le rôle de l’Otan, l’entente avec la Russie, le transfert de l’ambassade des Etats-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem…). La surprise est venue jeudi soir des arguments qu’il a avancés pour justifier sa décision. Il est en effet ahurissant d’entendre le Président de la deuxième puissance la plus pollueuse au monde assurer que le renoncement des Etats-Unis à ses engagements en matière de lutte contre le dérèglement climatique n’aura aucune incidence sur l’environnement. Il est ahurissant de l’entendre proclamer que ce retrait s’inscrit dans sa politique de protection des Américains alors que s’il sauve à court terme les 50.000 emplois de l’industrie du charbon, il prive l’économie américaine des gisements d’emplois (en centaines de milliers) de l’économie de l’énergie renouvelable. Il est ahurissant enfin d’entendre le chef de la plus grande puissance politique, économique et militaire au monde assurer que l’accord de Paris serait une sorte de complot fomenté par les rivaux des Etats-Unis, la Chine, l’Inde, l’Europe, pour miner la croissance américaine…

La décision du président Trump est le premier acte tangible de la politique de confinement des Etats-Unis dans la défense de ses petits intérêts à court terme. Les promesses du candidat Trump l’annonçaient. Plus interpellant, c’est aussi le signe d’un reniement de l’ambition affichée des Etats-Unis de figurer en permanence à la pointe de l’innovation technologique. Le président Emmanuel Macron l’a bien compris et l’a signifié, dès jeudi soir, avec un brin de prétention, (même si « c’est bien joué », comme pourrait le dire Trump): la France et l’Europe sont, dans les déclarations d’intention en tout cas, prêtes à reprendre ce leadership.

Il faut raison garder. Tout n’est pas perdu pour la lutte contre le réchauffement climatique. La décision de Donald Trump peut paradoxalement décupler la volonté des partenaires de l’accord de Paris de le mettre en oeuvre. Et aux Etats-Unis mêmes, ses défenseurs organisent la résistance. Il n’empêche que sa dénonciation par Washington est un grand gâchis, qu’elle pourrait tout de même inspirer d’autres climato-sceptiques (la Russie?) et qu’elle exprime un grand mépris et une grande violence pour les victimes déjà répertoriées en Asie, en Afrique ou en Océanie du dérèglement du climat. Donald Trump se raccroche à un passé révolu, affaiblit le prestige international des Etats-Unis et hypothèque leur rôle dans l’essor des nouvelles technologies. Le slogan de ses adversaires pour la présidentielle de 2020 est tout trouvé: Make America clever (intelligente) again!

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