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Maduro dit avoir déjoué une « attaque terroriste » contre l’armée

Le président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro a affirmé que l’armée avait repoussé dimanche une « attaque terroriste » contre une base militaire dans le nord-ouest du pays, où selon lui deux assaillants ont été tués et huit capturés.

M. Maduro a déclaré à la télévision publique que les morts et les prisonniers avaient été identifiés comme un officier déserteur et neuf civils. L’officier a été arrêté et « il donne des informations », comme le font sept des prisonniers, a-t-il précisé.

Le chef des forces armées du pays, le général Jesus Suarez Chourio, avait auparavant fait état d’un mort et d’un blessé grave du côté des assaillants.

Ces incidents se sont déroulés dans une base militaire à Valencia, à 180 km au nord de Caracas. Il s’agit d’une « attaque terroriste de type paramilitaire », a affirmé dans un communiqué le ministre de la Défense Vladimir Padrino, qui l’a qualifiée de « spectacle de propagande » et d' »acte désespéré ».

L’armée vénézuélienne, un puissant acteur politique et économique

La puissante armée vénézuélienne, principal pilier du pouvoir du président socialiste Nicolas Maduro, a un rôle clé dans la crise politique que traverse actuellement le pays.

Dimanche, M. Maduro a affirmé qu’elle a repoussé une « attaque terroriste » contre une base militaire située à Valencia, à l’ouest de Caracas, au cours de laquelle, selon lui, deux assaillants ont été tués et huit capturés.

La Force armée nationale bolivarienne (FANB) joue également un rôle essentiel dans les secteurs économiques stratégiques du pays, notamment pétrolier.

Dotée d’un armement russe et chinois, elle se déclare « chaviste, nationaliste et anti-impérialiste », ses dirigeants ayant juré « loyauté absolue et inconditionnelle » à Nicolas Maduro.

Un pouvoir armé

La FANB compte un effectif d’environ 365.000 hommes (appartenant aux forces terrestres, navales, aériennes, à la garde nationale et à l’armée de réserve). Cela représente un millier de militaires en moins que son voisin le Brésil, selon le réseau latino-américain de Défense, un centre d’analyse composé d’experts de la région.

A titre de comparaison, le Brésil compte 210 millions d’habitants et le Venezuela 30 millions.

En 2006, les Etats-Unis avaient interdit la vente et le transfert d’armements et de technologie militaire nord-américains vers le Venezuela, ce qui a poussé le président de l’époque Hugo Chavez (1999-2013) à faire appel à de nouveaux « alliés stratégiques »: la Russie et la Chine.

La Russie a ainsi fourni au Venezuela des fusils, des lance-roquettes anti-chars, des blindés, des systèmes de défense anti-aériens et des avions de combat, des hélicoptères ainsi que des missiles, selon l’ONG Contrôle citoyen, qui suit l’activité militaire. La Chine a pour sa part livré des équipements de communication, des tenues militaires, des radars, des véhicules blindés, des avions et des hélicoptères.

Un pouvoir politique

Sur un total de 32 ministres au sein du gouvernement Maduro, douze sont des militaires, parmi lesquels dix sont toujours en activité et deux à la retraite.

C’est le général Vladimir Padrino Lopez, ministre de la Défense, qui se trouve à la tête de l’armée. Le général Remigio Ceballos est le commandant de la stratégie opérationnelle.

M. Padrino Lopez est comme « un super ministre », auquel les autres membres du cabinet doivent rendre des comptes, avait déclaré M. Maduro l’an dernier.

Parmi les postes cruciaux détenus par des militaires se trouvent les ministères les plus importants dont ceux de la Présidence, de l’Intérieur et de la Justice, de l’Alimentation, de l’Agriculture, de la Pêche, de l’Habitat, de l’Electricité ainsi que des Travaux publics.

L’opposition rend responsable le colonel Rodolfo Marco Torres, ministre de l’Alimentation, de la pénurie de produits alimentaires qui affecte durement le pays.

Le ministre de l’Habitat, le général Manuel Quevedo, pilote l’un des programmes clés du gouvernement Maduro: la livraison de 1,7 millions d’appartements subventionnés.

L’opposition critique la large participation des militaires au sein du gouvernement et leur « politisation ». « La pire erreur de (Hugo) Chavez a été de sortir les militaires de leurs casernes. Qui va les y renvoyer? », avait déclaré l’an dernier Henry Ramos Allup, vétéran de la politique et ex-président du Parlement.

Un pouvoir économique

Une chaîne de télévision, une banque, une usine d’assemblage de voitures et un groupe de construction font partie des entreprises contrôlées par les militaires vénézuéliens. A cette liste s’ajoute la Compagnie anonyme militaire des industries minière, pétrolière et gazière (Camimpeg) créée en 2016.

Cette compagnie a les mêmes fonctions que l’entreprise publique Pdvsa (Petroleos de Venezuela): réhabiliter et entretenir les puits, vendre et distribuer des produits dans les domaines des mines, du pétrole et de la pétrochimie et du gaz.

Camimpeg est au coeur du « moteur industriel militaire », selon Maduro, qui a pour objectif d’affronter ce qu’il considère comme une « guerre économique » menée par l’opposition et des entrepreneurs afin de, estime-t-il, déstabiliser son gouvernement.

Selon le ministre de la Défense, les prisonniers ont avoué avoir été recrutés « par des militants de l’extrême droite vénézuélienne en contact avec des gouvernements étrangers », et les forces de sécurité étaient encore à la recherche « d’une partie du groupe, qui a réussi à s’emparer de quelques armes ».

Selon le général Jesus Suarez Chourio, l’opération était « financée par la droite et ses collaborateurs, financée par l’empire nord-américain » (les Etats-unis, NDLR).

Une vidéo supposément tournée dans la base militaire de Valencia circulait dimanche sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias vénézuéliens. Elle montrait un homme se présentant comme un officier et se déclarant « en rébellion légitime » contre « la tyrannie assassine de Nicolas Maduro ».

« Ceci n’est pas un coup d’Etat, ceci est une action civique et militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel », affirmait cet homme, se présentant sous le nom de capitaine Juan Caguaripano, flanqué de quinze personnes en tenue de camouflage, certaines d’entre elles armées.

« Nous exigeons la formation immédiate d’un gouvernement de transition et des élections générales libres », ajoutait-il.

Le ministère de la Défense, qui n’a pas communiqué le nom de l’auteur présumé de l’attaque, a indiqué qu’il s’agissait d’un « officier subalterne renvoyé de l’armée il y a trois ans pour trahison à la patrie et rébellion » et qui avait fui aux Etats-Unis.

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